Superprofits: mieux vaut en faire bon usage
EDITORIAL. Plutôt que de reprocher à nos grandes entreprises de faire trop de profits, demandons-leur plutôt de mieux les utiliser. A l'Etat d'y veiller, et à nous tous.
TotalEnergies, BNP Paribas, LVMH, Vinci, L'Oréal… Ces grandes entreprises, dont notre pays pourrait s'enorgueillir, sont plus souvent critiquées que célébrées. Et certes je ne doute pas qu'elles soient en effet critiquables, comme toute institution humaine. Mais je m'étonne de ce que le reproche principal qu'on leur adresse, spécialement lorsqu'elles publient leur bilan, soit celui-ci: elles font d'énormes profits!
Je ne conteste pas le fait, mais trouve curieux que l'on s'en scandalise. Créer de la richesse, n'est-ce pas l'une de leurs fonctions principales? Qu'une entreprise française y réussisse si bien, voire si spectaculairement, ne devrions-nous pas plutôt nous en réjouir? Dans beaucoup de pays, moins brouillés que le nôtre avec l'économie de marché, on en féliciterait d'autant plus les dirigeants, constatant qu'ils ont bien fait leur travail.
En France, la réaction la plus probable est à l'inverse: on les juge moralement d'autant plus coupables qu'ils ont économiquement mieux réussi! C'est se tromper de perspective. Plutôt que de reprocher à nos grandes entreprises de faire trop de profits, demandons-leur plutôt d'en faire bon usage (par l'investissement, l'intéressement des salariés, la fiscalité, et pas seulement en augmentant indéfiniment les dividendes). A l'Etat d'y veiller, et à nous tous. Ne sommes-nous pas leurs clients, parfois leurs actionnaires ou leurs salariés, voire les trois à la fois?
Les PME en vogue
Les seuls patrons plutôt bien vus, en France, sont les patrons de PME. Je n'ai rien contre eux, bien au contraire, mais m'inquiète d'une préférence aussi répandue. L'avenir souhaitable d'une PME, n'est-ce pas de croître jusqu'à devenir une ETI, puis une entreprise moyenne, puis une grosse entreprise ou même, pourquoi pas, un leader national ou mondial?
A force de célébrer les petits, de condamner les gros, sur l'air du "small is beautiful" , ne risque-t-on pas de décourager les entrepreneurs les plus audacieux ou les plus créatifs? Au fond, la se[...]
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