Stop au "lacrymal" sur les quartiers populaires
EDITORIAL - Le 15 février est morte Brigitte Smadja, figure incontournable de la littérature jeunesse, elle dénonçait le multiculturalisme à l'oeuvre dans les milieux de l'éducation nationale.
Voilà quelques jours, mourait Brigitte Smadja autrice jeunesse à très large succès à l’École des Loisirs. Esprit libre, prof de lettres charismatique, elle n’a jamais cessé de parcourir les écoles des quartiers populaires et à chaque fois elle revenait consternée par le multiculturalisme exalté par l’institution et en même temps convaincue qu’il y a un large chemin pour se sortir de la jungle des minorités.
Parce que Brigitte Smadja, qui est née en Tunisie et a grandi à Sarcelles et à la Goutte d’or, s’est toujours refusée à porter un regard "lacrymal" sur ces quartiers dits de relégation. Ce mot très juste est celui du géographe Christophe Guilluy dans son dernier livre Les dépossédés (Flammarion). Guilluy expliquait ceci dans un entretien accordé au Point en 2021: "Le seul moyen d’apaiser les choses, c’est de renouer avec les attentes de la majorité qui ne demande qu’à vivre de son travail, préserver l’État providence, disposer de services publics, conserver son mode de vie, bénéficier d’un modèle qui permet de vivre au pays."
L'exemple de Saïd, le collégien
Exactement ce que Brigitte Smadja faisait comprendre dans son best-seller Il faut sauver Saïd (2003, L’École des Loisirs). Saïd le collégien qui vit dans l’exception totalement banale du collège de ZEP assiégé par le bruit où chacun devient sourd à l’autre: "Le collège Camille-Claudel, c’est comme chez moi. La télé est toujours allumée, des voix murmurent ou crient, et c’est toujours un film de guerre."
Le seul prof qui parvient à forcer l’écoute, c’est Monsieur Théophile, le prof d’histoire: "Il nous a fait construire une frise avec des dates qu’on doit apprendre par cœur. Il a eu cette idée quand Mohammed a dit que le Christ était né en même temps que Louis XIV. À tous ces cours, pendant quelques minutes, on s’entraîne. Se repérer dans l’espace et le temps, c’est son truc à M. Théophile et même ceux qui n’apprennent rien chez eux finissent par savoir. /…/ Il nous corrige et il nous oblige à bien écrire. E[...]
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