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Spoutnik V: le vaccin russe, nouvelle arme politique de l'opposition

Photo du vaccin russe anti-Covid Spoutnik V, le 4 février 2021 à Belgrade en Serbie - Andrej ISAKOVIC © 2019 AFP
Photo du vaccin russe anti-Covid Spoutnik V, le 4 février 2021 à Belgrade en Serbie - Andrej ISAKOVIC © 2019 AFP

Plus question pour eux d’attendre ou de s’en passer. Le vaccin russe Spoutnik V, dont l’examen de son autorisation ou non sur le marché européen est actuellement en cours, est réclamé depuis plusieurs semaines en France par plusieurs partis d’opposition.

France Insoumise, Rassemblement national et même une partie des Républicains plaident désormais pour que la France passe commande sans attendre la décision du régulateur européen, annoncée pour juin ou juillet prochain.

"Bureaucratie européenne" et "idéologie antirusse"

Fermement convaincu de son utilité, Jean-Luc Mélenchon déplore ainsi une perte de temps de la part des autorités sanitaires européennes: "on sait depuis novembre dernier que le vaccin russe est efficace [...] on perd du temps", a déclaré jeudi dernier le candidat à la présidentielle de 2022 sur BFMTV.

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Jusqu'ici l'opposition s’est davantage manifestée sur la stratégie vaccinale menée par l’exécutif et non pas en particulier sur les vaccins autorisés sur le sol européen. Le déploiement de vaccinodromes ou encore l'arrivée cette semaine du er nos capacités à vacciner nos compatriotes". Le député LR Eric Ciotti a aussi indiqué souhaiter que Paris passe commande auprès de Moscou, "peu importe la couleur ou l’idéologie du pays qui est derrière ce vaccin".

"Depuis plusieurs semaines il y a quand même une opposition qui fait part de ses décaccords, de sa désapprobation sur les moyens, sur le timing, sur la méthodologie de la campagne vaccinale", note pour BFMTV.com Bruno Cautrès chercheur CNRS au CEVIPOF, "est-ce que les oppositions ont-elles été entendues? C’est vrai que ce n'est pas le sentiment que ça donne".

La question du besoin de doses au sein de l'UE et en France

En France, le vaccin russe rebute presque autant qu'il séduit l’opinion: selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting réalisé début février pour franceinfo et Le Figaro, 52% des Français se disaient favorables à ce que soit autorisé le vaccin russe ou chinois sur le sol français. Une "alternative" qu'une petite majorité de Français se disait alors prête à essayer pour lutter contre l'épidémie.

Celle-ci se voit néanmoins privée du sérum, en raison "des décisions stupides de la bureaucratie européenne", selon Jean-Luc Mélenchon, "nous avons refusé pour des raisons idéologiques de faire venir en France des vaccins russes, chinois, cubains qui eux existent et fonctionnent".

"Pour l'opposition, critiquer le fait de ne pas commander ou précommander des vaccins en Russie permet de dire qu'on pourrait vacciner plus massivement mais qu'on ne le fait pas, qu'on ne le veut pas, et donc que le gouvernement est incompétent", décrypte pour BFMTV.com Benjamin Morel maître de conférences en Droit Public à l’université Paris II Panthéon Assas.

La demande d'un exercice plus décentralisé du pouvoir

Si l'exécutif français a annoncé la livraison de douze millions de doses de vaccins déjà autorisés au cours de ce mois d’avril, certains prennent les devants. Bruno Cautrès relève l’émergence d’élus locaux notamment au sein des Républicains réclamant davantage de prérogatives, "tant sur la vaccination que sur le respect des gestes barrières, de l’adaptation des mesures de confinement".

Le chercheur n'y voit là que le retour évident de l'opposition dans son rôle de critique et de faiseur de propositions quant à la crise sanitaire et à l'après-Covid: "du côté de la France insoumise il n'y a quasiment plus une intervention de Jean-Luc Mélenchon, d'Eric Coquerel ou d'Adrien Quatennens où ils ne redisent pas leur proposition avec leur système de confinement alterné, de purificateurs d’air [...] il y a eu d'autres propositions fortes comme rapprocher les décisions des territoires". À Nice, le maire Christian Estrosi a notamment confié avoir d’ores et déjà passé des pré-commandes auprès de Moscou pour se procurer du Spoutnik V. Il ne pourra pas en revanche les administrer sans le feu vert de l'Union Européenne.

"Moscou est rentré dans un jeu qui est celui d'entrer en discussion avec des entités infra-nationales pour leur dire qu'ils peuvent leur livrer des vaccins directement sans passer par l'État central", souligne Benjamin Morel.

Mais les quantités pourront-elles satisfaire vraiment les attentes de chacun? La Russie a indiqué à l’Union Européenne qu'elle serait disposée à lui livrer 50 millions de doses de son vaccin - nécessitant deux injections - dans un délai de six à huit mois et sous réserve d’en produire une partie sur le sol européen. Une quantité au demeurant assez faible compte tenu du nombre de pays membres de l'Union Européenne. L'argument de doses supplémentaires est donc peu valable mais reste bienvenu à en croire une étude parue dans The Lancet qui indique que ce vaccin réduit de 91,6% le risque de contracter une forme symptomatique du Covid, une efficacité reprise en boucle par l’opposition.

Une gouvernance européenne de la santé décriée

Dans cette géopolitique du vaccin, le Fonds souverain russe s'est targué fin mars d'indiquer que le Spoutnik V était autorisé dans pas moins de 57 pays regroupant au total près de 1,5 milliard d’individus. Un argument de poids d’autant que les élus d’opposition n’ont qu’à se tourner de l’autre côté du Rhin pour soutenir leur position: l'Allemagne a en effet indiqué qu'elle comptait engager des discussions avec la Russie en vue d’un achat éventuel de doses de Spoutnik V, sous réserve toutefois de l'approbation de l'Agence européenne des médicaments. La Hongrie, elle, a démarré sa vaccination avec le vaccin russe dès le mois de févier, hors du cadre européen.

Un exemple qu'Emmanuel Macron devrait alors s'empresser de suivre? Bruno Cautrès "ne l’imagine pas une seule seconde" agir de la sorte mais voit émerger derrière ce débat l’un des enjeux selon lui de la prochaine présidentielle.

"Pour Emmanuel Macron, le coeur du sujet en 2022 va être de rendre compte devant les Français de la gestion de l’épidémie. [...] Il apparaît des déclarations de personnalités politiques de l’opposition incriminant le choix d’avoir négocié avec les laboratoires au niveau européen et donc émettant une critique forte indirecte sur une gouvernance européenne de la santé", avance le politologue.

Article original publié sur BFMTV.com