Sorrowland de Rivers Solomon : rébellion au pays de la violence systémique
Sorrowland est l’œuvre la plus maîtrisée de Rivers Solomon dans ce que l’autrice sait faire de mieux : émanciper grâce à la puissance de l’imaginaire, en exposant les violences systémiques telles que le racisme.
Au rang des nouvelles figures majeures de l’imaginaire contemporain, Rivers Solomon — autrice américaine non-binaire — est en très haute place, tant pour la beauté de sa plume que pour son propos coup de poing.
Son premier roman traduit en France, L’incivilité des fantômes, nous embarquait à bord d’un immense vaisseau spatial en exode — mais derrière l’odyssée fabuleuse s’y cachait en fait les fantômes de l’histoire humaine et toute leur brutalité sociale. Dans Les Abysses, ensuite, Rivers Solomon s’engageait dans le fantastique avec un peuple de sirènes empreint par la mémoire de l’esclavage.
Les œuvres de Rivers Solomon se distinguent par leur puissance allégorique, et Sorrowland en est le pinacle. Paru le 13 mai 2022 en France chez les Forges de Vulcain, ce nouveau roman est traduit par Francis Guèvremont.
Métamorphose émancipatrice
C’est dans une forêt que Vern, adolescente albinos de 15 ans, accouche de jumeaux. Car depuis plusieurs mois, sa vie est une fuite : elle s’est échappée d’une violente secte où elle a été élevée dans l’autarcie totale, et dont les membres la pourchassent désormais. Dans ces rudes conditions, on pourrait croire que Vern se retrouve vite dépassée.
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