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Shell défie Exxon en rachetant BG pour 47 milliards de livres

Royal Dutch Shell, le numéro un du secteur de l'énergie britannique, a dit mercredi avoir conclu un accord pour racheter le numéro trois, BG Group, pour 47 milliards de livres (64,34 milliards d'euros), réalisant la première méga-fusion dans le secteur pétrolier depuis des années. /Photo d'archives/REUTERS/Neil Hall

par Dmitry Zhdannikov et Karolin Schaps

(Reuters) - Royal Dutch Shell a annoncé mercredi le rachat de BG Group pour 47 milliards de livres (64,34 milliards d'euros), la première méga-fusion dans le secteur pétrolier depuis des années, dans le but de réduire l'écart avec l'américain Exxon Mobil, première "major" mondiale.

Dans un communiqué commun, Shell et BG ont expliqué que l'offre d'achat combinerait du cash et des titres valorisant chaque action BG à 1.350 pence environ, soit une prime de près de 52% sur le cours de Bourse moyen des 90 dernières séances.

En acceptant de payer sa cible au prix fort, Shell se met à l'abri d'une contre-offre d'un rival comme Exxon, qui a également fait part de son intention de se développer, malgré la mauvaise passe que traverse le secteur pétrolier avec l'effondrement des cours du brut.

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Shell paiera 383 pence en numéraire et 0,4454 action B Shell pour chaque action BG Group. Sur cette base, les actionnaires de BG Group détiendront environ 19% de l'entité fusionnée.

BG avait une capitalisation de 46 milliards de dollars (42,3 milliards d'euros) à la clôture de mardi, alors que celle de Shell atteignait 202 milliards et celle d'Exxon 360 milliards.

L'action BG a flambé de 42% en ouverture en Bourse de Londres. Vers 11h40 GMT, elle prenait encore plus de 33% à 1.212 pence, tandis que Shell cédait 2,13% à 2.050p.

L'annonce de ce rapprochement profite à bon nombre d'autres valeurs du secteur. BP avance ainsi de 1,38%.

Depuis la mi-juin, l'action BG avait perdu près de 28% et l'action Shell 3,3% à Amsterdam. Dans le même temps l'indice FTSE pétrolier et gazier avait cédé 17,2%, principalement en raison de la chute des cours du baril.

L'opération est la plus importante dans le monde depuis le début de l'année, tous secteur confondus, et la troisième jamais réalisée en valeur d'entreprise dans les activités du pétrole et du gaz.

"L'AVENIR APPARTIENT AU GAZ"

Elle doit donner à Shell un accès aux gisements de BG au Brésil, en Afrique de l'Est, en Australie, au Kazakhstan et en Egypte, dont certains figurent parmi les projets les plus ambitieux du monde dans le gaz naturel liquéfié (GNL).

"Nous avons étudié un certain nombre d'opportunités et BG s'est à chaque fois classé en tête de liste des prospects avec lesquels nous pouvions nous allier", a déclaré le directeur général de Shell, Ben van Beurden, lors d'une conférence de presse. "Nous avons deux portefeuilles très solides combinant le forage en eaux profondes et le gaz intégré."

Il a reconnu que des discussions poussées avec les autorités de la concurrence seraient peut-être nécessaires en raison de la présence de chacun des deux groupes en Australie, au Brésil, en Chine et dans l'Union européenne. Mais il a estimé qu'aucune cession d'actif ne serait nécessaire pour obtenir leur feu vert.

Le rapprochement entre Shell et BG intervient dans un contexte de chute des cours du pétrole, qui s'explique surtout par un déséquilibre persistant entre une demande relativement atone et une offre abondante, alimentée à la fois par le boom du gaz de schiste en Amérique du Nord et le refus de l'Opep de réduire sa production.

Depuis un dernier pic remontant à juin 2014, les prix du baril ont été réduits de près de moitié, ce qui crée un environnement similaire à celui du début des années 2000, période durant laquelle ont eu lieu nombre de fusions et d'acquisitions de grande ampleur dans le secteur, comme le rachat d'Amoco et Arco par BP, celui de Mobil par Exxon ou l'absorption de Texaco par Chevron.

Pour Richard Gorry, directeur du cabinet JBC Energy Asia, le rachat de BG s'explique aussi par le fait que la hausse des investissements dans l'exploration pétrolière n'a pas permis de faire augmenter notablement la production ces dernières années.

"Je crois que cela illustre aussi le fait que l'avenir appartient au gaz. Le monde évolue de plus en plus vers des carburants plus propres et pour l'instant, le gaz est l'option la plus viable. Shell le reconnaît clairement", a-t-il dit.

"Cela dit, Shell prend un gros risque parce que si les prix du pétrole et du gaz ne remontent pas (dans les 24 prochains mois), cela pourrait les mettre dans une situation délicate en termes de trésorerie".

SHELL DOPE SES RÉSERVES

Shell est déjà le leader mondial pour le GNL et se renforcera encore dans ce secteur grâce à la logistique de BG, qui comprend des terminaux, des gazoducs, des tankers, des plateformes et des infrastructures de stockage.

La nouvelle entité devrait s'adjuger 18% de la production totale de GNL, évaluée l'an dernier à 246 millions de tonnes pas an.

Shell a fait savoir mercredi que le rapprochement avec BG lui permettrait d'augmenter ses réserves avérées de pétrole et de gaz de 25%.

Le rachat de BG par Shell doit générer des synergies avant impôt de l'ordre de 2,5 milliards de livres par an.

Les deux pétroliers ont également fait savoir que Shell verserait un dividende de 1,88 dollar par action ordinaire en 2015, le dividende sur l'exercice suivant étant au moins identique.

Shell, qui doit par ailleurs lancer un programme de rachat de titres d'au moins 25 milliards de dollars sur la période 2017-2020, précise que l'intégration de BG augmentera d'un quart ses réserves pétrolières et gazières prouvées. Elle lui donnera également de meilleures perspectives pour ses nouveaux projets, surtout en Australie et au Brésil, ajoute-t-il.

Enfin, Shell pense porter le montant global de ses cessions d'actifs à 30 milliards de dollars de 2016 à 2018, à la faveur de cette fusion. Il avait dit en janvier qu'il vendait de cinq à six milliards de dollars d'actifs par an.

(Avec Narottam Medhora et Sai Sachin R à Bangalore, avec la contribution de Greg Roumeliotis, Patrick Vignal, Benoît Van Overstraeten et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand et Véronique Tison)