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La semaine à 4 jours, idéale pour tous ? Ce que ces témoignages de ceux qui l’ont testée nous apprennent

Blue pins on four days in a week on a calendar. Friday, Saturday and Sunday crossed out. Four day work week concept.
sinseeho / Getty Images/iStockphoto Blue pins on four days in a week on a calendar. Friday, Saturday and Sunday crossed out. Four day work week concept.

Journées de travail plus denses, nouveau rythme et temps pour soi… Ces patrons et salariés bénéficient d’un jour de repos supplémentaire pendant la semaine. Ils nous disent ce qu’ils en pensent.

VIE DE BUREAU - Après le Royaume-Uni, l’Espagne ou la Belgique, la France lance à son tour une expérimentation sur la semaine de quatre jours. Sur la base du volontariat, les agents de l’URSSAF Picardie pourront travailler quatre jours par semaine à partir du 1er mars, avec 36 heures de travail au total, comme l’a annoncé le ministre délégué aux Comptes publics Gabriel Attal. Un jour de travail en moins et un salaire inchangé ? Sur le papier, la semaine de quatre jours a de quoi en séduire plus d’un. Pourtant, les salariés de l’URSSAF ne se bousculent pas.

Sur les 200 concernés, seulement 38 ont dit être éventuellement intéressés. En cause ? « Les journées seront plus longues, le salarié fera neuf heures, là où les autres personnes font des journées de sept heures et demie. Donc ça fera globalement une heure et demie en plus par jour », justifie la directrice adjointe de l’Urssaf Picardie Anne-Sophie Rousseau dans un article de France Bleu.

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Un rythme plus intense, donc, qui ne convient effectivement pas à tout le monde, surtout pour les employés qui doivent aussi gérer des questions de garde d’enfants ou une charge de travail accrue. L’Islande a expérimenté la semaine de quatre jours sur 2 500 salariés entre 2015 à 2019 : ils ont travaillé 35 heures par semaine - au lieu de 40 - sur quatre jours. Certains salariés n’ont pas supporté ce changement de rythme, selon une étude citée par Franceinfo. Les raisons ? Cela implique de travailler autrement. Les cadres, en particulier, n’ont pas toujours réussi à réduire leurs heures car ils avaient trop de travail.

L’initiative a néanmoins été un « immense succès » selon les conclusions de l’étude. Un participant affirmait à l’époque : « Cela prouve que nous ne sommes pas des machines qui ne font que travailler toute la journée, dormons et retournons travailler. Mais que nous sommes des personnes avec des envies, des vies privées, des familles, des hobbies. » L’intérêt pour la semaine à quatre jours dépend ainsi souvent du rythme de travail et des modalités définies par les entreprises. Car si, sur le papier, le dispositif semble simple, son application varie selon les situations.

Un rythme plus intense

Marie Chamoux a « très bien accueilli » le passage à la semaine de quatre jours, en 2016, chez son employeur, Love Radius, un fabricant de porte-bébé basé à Toulon. Elle profite désormais de son jour supplémentaire de repos pour « lire, récupérer ses enfants plus tôt et faire les tâches ménagères qu[’elle] n’aurai[t] pas envie de faire le week-end ».

Chez Love Radius, la semaine de quatre jours n’est effective que durant les mois de mai, juin, juillet, août. Le salaire ne change pas. Les cotisations de congés payés non plus. « On n’a pas non plus retiré les heures du vendredi pour les redistribuer sur le reste de la semaine. L’objectif est de faire plus de choses dans un temps plus restreint, de prioriser et de perdre moins de temps sur certaines tâches », explique le cofondateur de l’entreprise, Olivier Sâles. Résultat : Marie Chamoux admet travailler « de manière plus dense et plus concentrée » et être « beaucoup plus focus ».

Si le nombre d’heures quotidiennes n’augmente donc pas, c’est aussi précisément pour cette raison que Love Radius n’applique pas ce rythme de travail toute l’année. Selon Olivier Sâles, une telle organisation sur le long terme impliquerait une baisse de la productivité et ne serait « pas tenable, sauf en augmentant le nombre d’heures travaillées par jour ».

Le camping où travaille Océane Aymeric a lui aussi opté pour la semaine de quatre jours uniquement pendant la saison estivale. Ses journées sont plus intenses, mais aussi plus longues - deux heures supplémentaires. La jeune femme ne s’en plaint pas pour autant : « Je me sens plus productive quand j’ai quatre jours. Je n’ai pas forcément le temps de procrastiner. J’ai l’impression d’être plus efficace. Parfois, je n’ai pas le temps de boucler un dossier. Mais il y a généralement quelqu’un pour prendre la suite. »

« Deux jours de repos, c’est court »

Et si le rythme des jours travaillés est plus intense, le jour off supplémentaire contribue au bien-être d’Océane : « C’est bête, ce n’est qu’un jour, mais je me sens plus libre et je sens que ça me fait du bien au mental. Deux jours de repos, c’est court. Toute la partie administrative personnelle, les lessives et les courses te gâchent pratiquement une journée. »

Ce fonctionnement la motive pour travailler : « Je sais que je vais pouvoir profiter de mes trois jours de repos », nous dit celle qui fait « plus d’activités que d’habitude » et se permet de « partir un peu plus loin en week-end ». Elle est aussi plus flexible : « Je planifie moins mes semaines à l’avance et je réfléchis moins à comment exploiter mes jours de repos correctement. »

Abdénour Aïn-Seba, patron d’IT Partner - entreprise spécialisée dans la gestion des infrastructures informatiques et numériques -, est lui passé à la semaine de quatre jours sur toute l’année. Les 80 employés travaillent désormais 32 heures par semaine, quelle que soit la saison, trois heures de moins que les 35 heures effectuées auparavant. Leur salaire n’a pas bougé. Il constate qu’il y a « moins d’arrêts maladies » et que « les gens travaillent mieux, sont plus épanouis et plus impliqués ».

Réorganiser le fonctionnement de l’entreprise

Ce changement de rythme a impliqué une large réorganisation du travail pour IT Partner. Les collaborateurs travaillent davantage en distanciel avec leurs clients. « On a aussi aménagé les locaux différemment en créant plus d’espaces de réunions mais aussi des lieux pour se concentrer », ajoute Abdénour Aïn-Seba. Le tout s’est aussi accompagné d’une réorganisation des équipes pour les rendre plus efficaces : « Avant, elles géraient un portefeuille qui n’était pas homogène. On a mis en place des entités qui s’occupent maintenant d’un même type de client. Elles sont pilotées par un manager commercial et un manager technique. »

Tous ces changements n’ont pas été sans conséquences. Abdénour Aïn-Seba admet qu’il y a eu quelques « incompréhensions » pendant la première année : « Il fallait se calibrer, s’adapter. Mais les gens sont montés en autonomie et la deuxième année s’est très bien passée ».

Mais si ses salariés semblent satisfaits de ce rythme de travail, ils ne sont pas à l’abri d’éventuelles difficultés. « Les gens tiennent à ce boulot. Quelqu’un qui ne se sent pas bien dans son poste ne va peut-être pas se manifester car s’il change de travail, il risque de devoir reprendre un rythme à cinq jours. Il ne faut pas être dans une logique de chantage avec les gens », estime le patron d’IT Partner. Autrement dit : ce n’est pas parce que vous travaillez cinq jours que vous ne pouvez pas ressentir de mal-être et craindre d’en parler.

Dans l’air du temps

Cette idée de la semaine de quatre jours avait germé dans l’esprit d’Abdénour Aïn-Seba à la fin du premier confinement : « Les gens ont remis en question leur rapport au travail et la place qu’ils lui accordent dans leur quotidien. » Et les chiffres confirment ses dires : selon l’Ifop, seulement 24 % des salariés estiment le travail très important en 2020 alors qu’ils étaient 60 % en 1990.

D’après une autre étude de ce même institut, sortie le 23 janvier dernier, 61 % des salariés en France préfèrent gagner moins d’argent, mais avoir plus de temps libre. Là aussi, l’écart avec le précédent sondage est béant : ils n’étaient que 38 % en 2008. Même Gabriel Attal le dit : « Je crois que beaucoup de Français aspirent aujourd’hui à travailler différemment ».

Mais veulent-ils tous une semaine plus courte ? 64 % des salariés français souhaiteraient avoir la possibilité de condenser leurs heures de travail sur une semaine de quatre jours, selon un sondage ADP paru en mai 2022 - environ 2 000 personnes ont été interrogées. Reste à savoir si cette envie pourra facilement s’appliquer aux diverses contraintes de la réalité.

VIDÉO - Semaine de 4 jours en Islande : l'expérience est un immense succès

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