Salaires 2022: Pour Patrick Artus "Nous entrons dans une spirale inflationniste"

Martin BUREAU / AFP

INTERVIEW - Face à l'augmentation des prix, le conseiller économique de Naxitis alerte: indexer les salaires sur l'inflation serait pire. Pour lui, la véritable complexité, c'est 2024.

Face à l'inflation - établie à 5,2 % en moyenne sur l'année 2022 selon la dernière note de conjoncture de l'Insee, et en hausse de 6,2% en octobre par rapport à l'année dernière, le gouvernement ne prévoit pas d'indexer les salaires à l'augmentation des prix afin d'éviter une spirale infernale, comme cela a été le cas dans les années 1970. Contrairement à ce que souhaiterait la CGT et les députés de gauche.

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Pour Patrick Artus, conseiller économique de Natixis et administrateur de Total interrogé par Challenges, il faut à tout prix l'éviter. Lui ne croit pas à une désinflation rapide et souligne la véritable complexité: 2024.

Challenges. Certains syndicats réclament un retour à l’indexation des salaires sur l’inflation, est-ce une solution envisageable pour maintenir le niveau de vie?

Patrick Artus. Je comprends l’envie de le faire. Mais si on met la main là-dedans, on rentre dans une spirale déstabilisante: les hausses de salaires seront recyclées dans les coûts de production et les marges des entreprises. Le salaire gagnera 1 %, mais les prix également, pour maintenir la marge. La bonne politique monétaire et budgétaire, c’est celle qui évite justement les spirales inflationnistes. Il ne peut se produire que des catastrophes si on laisse durer l’inflation.

L’Europe parie sur un épisode ponctuel. Qu’en pensez-vous?

Je ne crois pas à une désinflation rapide. Autant les Etats-Unis mettent tout en place pour tuer l’inflation et la ramener à 2 % en 2024, autant nous sommes dans l’incertitude en Europe. Je ne sens pas les gouvernements prêts à mener une politique budgétaire et monétaire restrictive. Nous allons vers une inflation de début d’année 2023 à 10 %, voire 11 % sur la zone euro. Elle sera sans doute beaucoup plus élevée en 2024.

Cela va donc s’aggraver?

Il y a deux écoles parmi les économistes: ceux qui disent que le vaisseau prend l’eau de toutes parts, que la politique monétaire n’est pas asse[...]

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