Yahoo Finance Sahel: Jean-Yves Le Drian décrit les contours de la future opération qui remplacera Barkhane
Il y a une semaine au G7, Emmanuel Macron a annoncé une "transformation profonde" de la présence militaire française au Sahel, et plus concrètement, la fin de l'opération Barkhane telle qu'elle existe aujourd'hui. "Nous transformons notre action au Sahel, mais nous restons au Sahel", commente ce vendredi Jean-Yves Le Drian, invité de RMC et BFMTV. Et le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de marteler le message porté par le président de la République la semaine dernière:
"Nous restons dans notre combat contre le terrorisme."
"Nous allons le faire autrement", poursuit notre invité, "dans un calendrier qui va être décidé progressivement après consultation de nos partenaires, que ce soit nos partenaires du G5 Sahel, nos partenaires européens, etc.".
Moins de soldats français, plus d'Européens
Mais pourquoi enclencher une telle transformation? "Parce que la menace est différente", répond le ministre, avant de rappeler qu'une telle évolution n'est pas une première depuis le lancement de l'opération Serval en janvier 2013 au Mali, qui avait elle-même été stoppée pour laisser place à Barkhane en juillet 2014 "parce géographiquement ça avait bougé, parce que les actions des groupes terroristes étaient différentes".
Concrètement, la coalition aura vocation à s'internationaliser davantage, avec les pays du Sahel bien sûr, mais pas que. "Il y aura moins de soldats français mais plus de soldats européens", annonce le leader de la diplomatie française, sans avancer de chiffre plus précis pour l'heure. "C'est une coalition internationale plus qu'européenne, la coalition pour le Sahel ça regroupe plus de 60 partenaires, comme le Japon les États-Unis ou les Emirats arabes unis, qui apportent leur contribution et soutiennent politiquement l’opération", détaille le membre du gouvernement.
"La sécurité européenne est l'affaire de tous"
Cette internationalisation de la lutte contre la menace jihadiste constitue un véritable progrès aux yeux de celui qui était ministre de la Défense de 2012 à 2017, lorsque la France est intervenue au Mali. "Aujourd'hui, des forces estoniennes, suédoises, des forces danoises, des forces tchèques, sont avec nous sur le terrain pour combattre le terrorisme", se félicite Jean-Yves Le Drian.
"Les Européens ont compris qu'il y avait là un risque pour leur sécurité, la sécurité européenne est l'affaire de tous", ajoute notre invité, avant de rappeler l'esprit de la transformation à venir: "C'est une nouvelle donne, c'est une nouvelle orientation, c'est un nouveau modèle, qui a comme objectif essentiel de lutter contre le terrorisme et d'accompagner les forces de ces pays-là [au Sahel, NDLR] à se structurer, à se moderniser, à se muscler à être plus performantes dans ce qu'on appelle les forces conjointes du Sahel."
Depuis le début de l'opération Serval lancée le 11 janvier 2013, 55 militaires français ont perdu la vie au Mali et au Sahel.