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Safran parvient enfin à mettre la main sur Zodiac

par Cyril Altmeyer et Tim Hepher

PARIS (Reuters) - Safran a annoncé jeudi un accord en vue de racheter Zodiac Aerospace dans le cadre d'une transaction évaluée globalement à 9,7 milliards d'euros, six ans après avoir été vertement éconduit, marquant ainsi une nouvelle étape de la consolidation du secteur trois mois après une méga-fusion aux Etats-Unis.

L'équipementier aérospatiale et militaire, qui s'est désengagé en 2016 de la sécurité pour se renforcer dans l'aéronautique, et Zodiac, pénalisé par des retards de livraisons, donneront naissance à un ensemble d'environ 21,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 2,7 milliards de résultat opérationnel courant.

Safran précise jeudi dans un communiqué lancer une OPA amicale à 29,47 euros par action Zodiac, soit un total de 8,55 milliards et une prime de 26,4% par rapport au cours de Zodiac mercredi en clôture.

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Pour conclure la transaction, l'OPA sera suivie d'une fusion sur la base de 0,485 action Safran après détachement d'un dividende exceptionnel pour une action Zodiac.

Safran prévoit de verser en outre à ses actionnaires un dividende exceptionnel de 5,50 euros par action, soit un total de 2,3 milliards, avant la clôture de l'opération, et précise qu'il continuera à redistribuer chaque année environ 40% de son résultat net ajusté sous forme de dividendes.

A 15h40, l'action Zodiac s'adjugeait 22,27% à 28,5 euros, sa meilleure performance en 30 ans, portant sa capitalisation à 8,26 milliards, tandis que Safran, en forte hausse en matinée, cédait désormais 2,5% à 65,59 euros, accusant la plus forte baisse du CAC 40.

"Même si nous approuvons la logique stratégique, financière et culture de l'opération, son timing nous surprend", écrit Robert Stallard, analyste chez Vertical Research Partners, faisant référence à la montée en puissance du nouveau moteur LEAP, objectif numéro un de Safran.

Le directeur général de Safran, Philippe Petitcolin, a assuré que la fusion ne le détournerait pas de l'enjeu que constitue encore l'entrée en service du LEAP destiné aux monocouloirs et qui doit succéder au CFM56 dans le cadre d'une coentreprise à parité avec General Electric.

"Nous avons suffisamment de talents pour pouvoir à la fois répondre à nos besoins propres de développement de programmes tels que le LEAP et aider les ex-activités Zodiac, si on le juge nécessaire, pour pouvoir accélérer la remise à niveau de la performance telle qu’elle devait être", a-t-il dit à Reuters.

Pénalisé par des retards récurrents de livraisons de sièges et de cabines, l'équipementier Zodiac s'était dit en mars 2016 ouvert à toute offre de rachat "raisonnable et conforme à ses intérêts".

Tancé publiquement par le PDG d'Airbus Fabrice Brégier, Zodiac qui fournit notamment les toilettes de l'A350, a multiplié les 'profit warnings'.

"Nous verrons", a répondu à Reuters un porte-parole d'Airbus à la question de savoir si la fusion aiderait à améliorer la performance de Zodiac.

Outre ces récentes difficultés, Zodiac est en outre particulièrement exposé aux gros porteurs, dont la demande à moyen terme suscite des interrogations et aux choix de dépenses des compagnies aériennes, souligne aussi Robert Stallard (Vertical Research Partners).

FINALISATION PRÉVUE DÉBUT 2018

Ce rapprochement succède au rachat en octobre de B/E Aerospace par Rockwell Collins aux Etats-Unis, au moment où Airbus et Boeing augmentent leur production d'avions pour répondre à des commandes massives liées à la hausse prévue du trafic aérien notamment en Asie.

(Suppression mastic §1)

Safran, qui espère finaliser son OPA au quatrième trimestre 2017 et la fusion début 2018, compte financer la partie en numéraire et le dividende exceptionnel avec sa trésorerie et ses lignes de crédit disponibles ainsi qu'avec un prêt-relais de quatre milliards d'euros.

Il précise qu'il devrait afficher un ratio dette nette ajustée/Ebitda ajusté d'environ 2,5 fois à l'issue de l'opération.

Safran indique aussi qu'il prévoit que son conseil d'administration proposera de reporter l'âge limite du directeur général de 65 à 68 ans lors de l'assemblée générale annuelle prévue le 15 juin, permettant à Philippe Petitcolin de rester en poste au-delà de 2017, année de ses 65 ans.

A ses côtés, Ross McInnes conservera son poste de président du conseil du nouvel ensemble tandis qu'Olivier Zarrouati, président du directoire de Zodiac Aerospace, deviendra directeur général délégué.

Philippe Petitcolin a souligné que les synergies de coûts tirées de l'opération pourraient être "beaucoup plus" élevées que les 200 millions d'euros annuels avant impôts d'ores et déjà identifiés.

Il a dit ne pas identifier de "recouvrements" importants dans les activités des deux groupes et ne pas attendre de réductions d'effectifs notables.

Safran estime aussi que l'opération aura un effet relutif supérieur à 10% sur le résultat net par action dès le premier exercice complet post fusion.

"Nous ne pensons pas que l'activité de services de Zodiac soit de la même qualité que celles générées par Safran dans les moteurs", souligne Sandy Morris, analyste chez Jefferies. "Mais cela dit, il vaut probablement mieux tenir que courir".

Les familles fondatrices de Zodiac, FFP (famille Peugeot), le Fonds Stratégique de Participations et l'Etat entendent rester actionnaires de référence de Safran, avec environ 22% de son capital, et une fois l'opération finalisée, signer un pacte d'actionnaires prévoyant une clause d'incessibilité de deux ans.

Les familles actionnaires de Zodiac, qui réunit son AG à partir de 16h00, comptent bien faire entendre leur voix dans le nouveau groupe après le rachat par Safran, a prévenu Didier Domange, président du conseil de surveillance du groupe.

Plusieurs familles détiennent un total 23,8% du capital et 36,6% des droits de votes de Zodiac, FFP Invest (famille Peugeot) ayant de son côté 5,2% du capital et 7,3% des droits de vote.

L'Etat français, qui possède encore 14% de Safran après s'est désengagé partiellement, a salué ce rapprochement par la voix de François Hollande.

Bank of America Merrill Lynch et Lazard sont les conseils financiers de Safran, tandis que BNP Paribas et Rothschild sont ceux de Zodiac.

(Edité par Jean-Michel Bélot)