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En Russie, Vladimir Poutine de plus en plus critiqué

Affaibli par de mauvaises nouvelles militaires et une campagne de mobilisation pour le front ratée, Vladimir Poutine est peut-être en passe de perdre la confiance du peuple russe.
MIKHAIL METZEL / AFP Affaibli par de mauvaises nouvelles militaires et une campagne de mobilisation pour le front ratée, Vladimir Poutine est peut-être en passe de perdre la confiance du peuple russe.

MIKHAIL METZEL / AFP

Affaibli par de mauvaises nouvelles militaires et une campagne de mobilisation pour le front ratée, Vladimir Poutine est peut-être en passe de perdre la confiance du peuple russe.

RUSSIE - À l’aube de son 70e anniversaire (il le fêtera vendredi 7 octobre), Vladimir Poutine doit faire face à une remise en question de ses choix alors que la guerre en Ukraine s’enlise et que la mobilisation partielle de la population pousse de nombreux Russes à fuir le pays.

Indifférente (ou presque) au sort de cette guerre jusqu’alors, la population russe est désormais impliquée directement, avec des conséquences dramatiques pour les Russes envoyés au front. Car là ou l’« opération militaire spéciale » de février reposait uniquement sur des soldats professionnels, désormais chaque citoyen ou presque connaît une personne amenée à faire la guerre. Et ça change tout.

Des élites plus critiques

Les élites sont celles qu’on entend le plus sur le chef du Kremlin. Celles que l’on retrouve à la télévision d’État pour parler guerre en Ukraine et déboires de la mobilisation militaire censée appeler 300 000 hommes sur le front.

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Exemple avec Andrey Gurulyov, député de la Douma. Cet ancien commandant adjoint du district militaire du sud de la Russie s’est montré étrangement critique vis-à-vis du Kremlin. « Le problème que nous avons, c’est la livraison constante de bons rapports (vous pouvez aussi appeler cela un mensonge constant). Ce système ne va pas de bas en haut, mais de haut en bas », a-t-il exprimé au sujet de la reconquête de Lyman, avant d’être soudainement interrompu par « un problème de connexion ».

Même chose avec le présentateur vedette et pro-Kremlin Vladimir Soloviev. « J’aimerais vraiment que nous attaquions Kiev dès demain, mais je suis conscient que la mobilisation partielle prendra du temps [...] Pendant un certain temps, les choses ne seront pas faciles pour nous. Il ne faut pas s’attendre à de bonnes nouvelles ». Des paroles rares pour celui qui est à la tête de l’émission « Moscou. Kremlin. Poutine » sur Rossiya 1 depuis 2018.

De quoi confirmer les informations de l’ISW (Institut pour l’étude de la guerre), dans un rapport daté du 2 octobre, évoquant des critiques internes suite à la perte de Lyman et le « manque de transparence concernant le déroulement de la guerre ».

Des sondages inquiétants

Mais les élites ne représentent qu’une fraction de l’opinion russe. L’avis de la population, lui, est bien plus difficile à cerner. Deux sondages, publiés par le Centre Levada, organisation non gouvernementale russe de recherches sociologiques et de sondages, attestent bel et bien d’une inquiétude au sein de la population.

Un premier sondage, publié le 28 septembre, permet de voir l’évolution de l’opinion au sujet du chef du Kremlin : alors qu’il obtenait 82 ou 83 % d’approbation de ses actions entre mars et août, il n’en recueille plus que 77 % en septembre. Et la part de personnes ne les approuvant pas est passée de 15 à 21 % entre août et septembre.

Même constat avec le second sondage sur la guerre en Ukraine, publié le 29 septembre : durant ce mois, 56 % des personnes interrogées se disent « très inquiètes » des événements en Ukraine, contre seulement 37 % un mois plus tôt. Selon Anna Colin Lebedev, maîtresse de conférences à l’université Paris-Nanterre et spécialiste de l’ex-URSS, ces récents sondages prouvent l’existence d’une inquiétude grandissante, comme elle l’a expliqué sur BFMTV le 3 octobre.

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Pour autant, si la chercheuse reconnaît que le soutien à Vladimir Poutine a baissé, elle reste dubitative quant à l’utilité de quantifier cette donnée, préférant observer l’inquiétude de la population, en raison de l’aspect très concret de la mobilisation militaire pour des milliers de familles russes.

Anna Colin Lebedev pense malgré tout que la population russe n’ira pas dans la rue pour protester. En revanche, « pour les élites, soutenir le pouvoir commence à avoir un coup extrêmement important : personnel, économique et politique », ajoute la chercheuse, qui y voit plutôt la « préparation à un changement ».

Dépolitiser la population pour mieux gouverner

Pour Greg Yudin, professeur de philosophie politique à l’École des sciences sociales et économiques de Moscou, les Russes accordent toujours un fort soutien au président Poutine. En cause ? La perception de la politique dans la vie des Russes. Comme il l’a expliqué dans une analyse sur ses réseaux sociaux le 3 octobre, la population russe connaît un « profond mépris pour la politique ».

Selon lui, la peur pousse de nombreux citoyens à s’en remettre à leur président les yeux fermés depuis de nombreuses années déjà. D’ailleurs, sa réaction à un tweet de Denis Trubetskoy, correspondant ukrainien pour des médias allemands en dit long sur sa perception de la politique en Russie : « La société russe paie aujourd’hui le prix inévitable pour s’être laissée progressivement dépolitiser par le régime de Poutine pendant plus de 20 ans, dans certains cas volontairement ». Une analyse qui « est malheureusement vraie » selon Greg Yudin.

Dans un article écrit pour Atlantico, Greg Yudin classe la population russe en trois catégories : les radicaux qui soutiennent la guerre, « une minorité non négligeable mais bruyante » qui représente entre 20 et 25 % de la population. Viennent ensuite les dissidents (opposés à la guerre), « une minorité non négligeable », déprimée de la situation en Russie, qui représente elle aussi 20 à 25 % de la population totale.

Il théorise une troisième catégorie, entre-calée entre radicaux et dissidents et composée d’une population « passive », dépolitisée et qui ne veut ni parler de guerre ou de politique, préférant laisser Vladimir Poutine à la barre. Elle représente entre 50 et 55 % de la population selon lui. Et c’est elle la véritable inconnue. « Vladimir Poutine a peur d’une vraie mobilisation parce qu’il règne par la dépolitisation du peuple. La population est dépolitisée et absolument indifférente envers la politique. S’il y a une mobilisation, les 50 % d’indifférents vont demander des comptes ». Reste maintenant à savoir quand et comment.

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