Risques de faillite : les pompiers de Bercy
Alors que la crise fait vaciller des pans entiers de l’économie, plongée dans les services du ministère de l’Industrie qui viennent au secours des entreprises.
Rien n’y a fait. Ni le front uni des élus locaux et des ministres, ni la lettre envoyée au Japon par valise diplomatique, ni les déclarations sur la « trahison de la confiance », ni le calme des salariés, ni les solutions alternatives proposées. Le groupe japonais Bridgestone a confirmé qu’il fermera son usine de pneus de Béthune en avril 2021 et licenciera 863 personnes. Il a rejeté la solution élaborée par le cabinet Accenture à la demande de Bercy, qui prévoyait des suppressions de postes et de substantiels gains de productivité. Pas à même de résoudre le problème de surcapacité de production en Europe amplifié avec le Covid, a tranché le fabricant de pneus. Dans son bureau du troisième étage de l’hôtel des Ministres, celui qu’a occupé Emmanuel Macron de 2014 à 2016, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, ne décolère pas : « Lors de la réunion avec le patron Europe de Bridgestone, j’ai compris à ses propos qu’il n’avait probablement pas dépassé la page 5 du document. Je connaissais mieux le scénario que lui. Autant j’aurais compris que les salariés rejettent les sacrifices financiers qui leur étaient demandés, autant là il y a une forme de légèreté qui n’est pas à la hauteur d’un tel groupe. »
Chaque fermeture d’usine voit accourir son lot de chasseurs de subventions publiques peu soucieux de la pérennité de l’activité industrielle.
L’heure est maintenant à la négociation de l’enveloppe pour financer le plan social et la revitalisation du site, et à la recherche de repreneurs sérieux. Le sujet est à l’ordre du jour de la réunion hebdomadaire en « war room ». Sur les murs de cette salle minuscule, une carte de la France administrative constellée d’aimants pour localiser les entreprises en(...)