Retraites: pourquoi Macron doit espérer une censure du conseil constitutionnel
EDITORIAL - Emmanuel Macron n’est pas sûr de sortir gagnant des crises multiples provoquées par sa réforme des retraites. Face à la jeunesse qui donne de la voix et aux forces de l’ordre qui voient leur légitimité contestée pour des dérapages incontestables, le Conseil constitutionnel est peut-être le dernier salut du chef de l'Etat s'il veut passer à d'autres questions essentielles comme la pénibilité, la progression des carrières ou encore les bas salaires…
"On peut toujours faire pire, mais là ce n’est pas sûr!" Même chez les macronistes les plus fervents, l’inquiétude a gagné. Voire l’angoisse devant "tant de maladresses, d’inconséquences multiples avec cette réforme des retraites qui nous a plongés dans la crise". A vrai dire, dans plusieurs crises: crise sociale, crise démocratique et crise dans les crises. La cerise sur le gâteau indigeste: le désordre dans les têtes comme dans les rues.
L’économie pourtant tourne. Les usines ne sont pas occupées, mais on craint de ne pas remplir son réservoir et de ne plus pouvoir vider sa poubelle. Et surtout on ne se sent pas représenté. Gouverné. Guidé vers un horizon qui ne fuirait pas. Administré avec justesse et justice.
Le président arbitral est descendu de son piédestal. "L’inflexible", ça vaut pour un nom de sous-marin nucléaire, pas pour un monarque républicain dont le bon peuple espère toujours la bienveillance. La clémence. L’ultime recours. Le droit de grâce. S’il ferme sa porte aux manants, alors il faut redouter la colère.
L'État fait le gros dos
On y est, dans cette impasse piégeuse, alors que le chef de l’Etat fait le gros dos, mais façon hérisson. Avec tant de piquants qu’il a ulcéré les plus modérés, tel le leader cédétiste Laurent Berger (qui, une nouvelle fois vient de proposer un processus de "gel" offrant une sortie de crise).
Emmanuel Macron est face à un pari risqué: incarner le parti de l’ordre face aux désordres, face à "la chienlit". Mais n’est pas de Gaulle qui veut. Lequel d’ailleurs, pendant une semaine en mai 68, avait vacillé et s’était repris in extremis, adossé sur sa légende du Siècle. Jusqu’ici, c’est Marine le Pen qui tire les marrons des feux de poubelles, de mairies, de commissariats et même de kiosques à journaux, ultime symbole hélas calciné d’un vivre en commun républicain. Mais gare…
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