Retraites: les infrastructures numériques, nouvel espace de lutte pour les syndicats?
Tout au long de leur histoire, les syndicats se sont sans cesse adaptés à leur époque. À l'heure du télétravail et des perturbations limitées, le futur de la grève serait-il numérique ? Entretien avec Stéphane Sirot, historien des mouvements sociaux qui analyse les nouvelles formes de luttes sociales.
Il va falloir trouver de nouvelles tactiques. Ce jeudi 16 mars, debout face à une Assemblée Nationale en furie, Elisabeth Borne a choisi de parler plus fort que les chants entonnés par l’opposition. Les 7 rounds d’offensives organisées par l’intersyndicale n’auront pas non plus convaincu l’exécutif de reculer, ou du moins, d’aller au vote.
Et pour cause. Alors que certains secteurs ont commencé à tirer la langue quelques jours seulement après avoir affiché leur volonté de bloquer l’Hexagone, le gouvernement semble ne plus redouter le blocage du pays par un mouvement de grève d'ampleur. Et si dans un monde régi par Internet, les organisations syndicales n’avaient plus d’autres choix que de passer par le numérique ? Selon Stéphane Sirot, historien spécialiste des mouvements sociaux et du syndicalisme, les syndicats auraient "tout intérêt à s'emparer" de ces nouveaux outils.
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Challenges - Ce jeudi 9 mars, la CGT a revendiqué des coupures de courant au Stade de France et sur le chantier du village olympique visant, entre autres, trois datacenters. L'action syndicale serait-elle en passe de changer de mode d'action ?
Stéphane Sirot - Les coupures d’électricité sont loin d’être nouvelles : les premières remontent au début du 20ème siècle. C’est Émile Pataud, un ancien syndicaliste de la CGT qui a initié cette forme d’action, en coupant le courant dans des quartiers entiers de Paris, pour obtenir gain de cause sur les revendications de sa profession. Si la pratique s’est renouvelée de manière assez régulière, sa nature a changé avec les années. Aujourd’hui, on cherche à pénaliser l’entreprise sans nuire aux particuliers. Pas question donc, de plonger, quartier après quartier, la capitale dans le noir. Lorsque la CGT revendique des coupures au Stade de France, sur le chantier du village olympique, ou dans la permanence d’un élu, ce sont surtout des messages médiatiques et poli[...]
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