Retraites: gilets jaunes ou mobilisation massive, Macron sous pression
EDITORIAL. Les huit syndicats appellent d'une seule voix à une nouvelle mobilisation massive le 31 janvier contre la réforme des retraites. Mais alors que le projet entre à l'Assemblée lundi 30 janvier pour être examiné, quelle direction peut prendre le mouvement?
Une revendication bien identifiée: la suppression du report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Une unité syndicale qualifiée d'historique. Une mobilisation exceptionnelle. Des cortèges exemplaires, et l'absence notable de dégradations ou de violences lors du premier grand défilé. Un rejet quasi unanime de la réforme par la population. Tout cela fera-t-il plier le gouvernement?
Pas certain, en tout cas pour le moment, car ce mouvement à l'ancienne, pourrait-on dire, ne bouscule pas vraiment la vie quotidienne des Français. Et donc, ne perturbe pas outre mesure l'exécutif. Télétravail, autopartage, développement des deux-roues, les modes de vie ont évolué et la situation n'a rien à voir, a priori, avec celle de 1995, par exemple, lorsque les grèves contre la réforme Juppé avaient bloqué le pays trois semaines durant.
Transports perturbés ou coupures d'électricité
Mais quelle direction le mouvement va-t-il prendre? Se renforcer? Avec des grèves plus fréquentes, entraînant une gêne de plus en plus sensible dans le pays: écoles fermées, transports compliqués, production industrielle pénalisée? Se durcir? Avec des débordements, des actions violentes, des coupures d'électricité ciblées, le blocage de sites industriels?
C'est ce scénario que redoute le gouvernement, et la raison pour laquelle il souhaite faire voter le texte au plus vite. Il ne faudrait pas que, pour se faire entendre, les opposants les plus radicaux finissent par opter pour une obstruction plus musclée.
Gilets jaunes et pouvoir d'achat
Le mouvement des "gilets jaunes" est dans toutes les mémoires. Ronds-points bloqués, barrages filtrants, péages occupés et seulement quelques centaines de milliers de manifestants, mais à l'arrivée, la prise en considération par le gouvernement d'une série de revendications: suppression de la hausse annoncée des taxes sur les carburants, objet initial de la révolte, augmentation du revenu d'un travailleur au smic de 100 euros par mois, retour à la défiscalisati[...]