La retraite à 64 ans, un cadeau pour Marine Le Pen ?

Emmanuel DUNAND / AFP

EDITORIAL - Pour l'heure, pas question de renoncer au recul de l'âge légal à 64 ans. Tout le monde a pourtant en tête l’exemple italien, avec un scénario similaire: une réforme des retraites engagée par Mario Draghi, puis la victoire de Meloni, rappelle notre éditorialiste Ghislaine Ottenheimer.

Remplacer Elisabeth Borne? Dissoudre? Remanier? Reconstruire une majorité? Mais avec qui? Comment reprendre la main? Comment réagir face à la violence qui s’exprime dans le pays? Emmanuel Macron réfléchit à toutes les options, mais pour l’heure pas question de baisser les bras et de renoncer à la mesure phare de la réforme des retraites: le recul de l’âge légal à 64 ans.

L’essentiel, c’est de faire preuve de détermination, de garder sa capacité à réformer pour atteindre son objectif: le plein-emploi. Et réaliser la promesse qui est le fil rouge de toute son action: "l’émancipation par le travail". En même temps, cela a été répété par les deux principaux leaders syndicaux Laurent Berger et Philippe Martinez: attention. Attention à ne pas nourrir l’amertume, le ressentiment qui favorise le vote des extrêmes.

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Un pays à cran

Après l’adoption aux forceps de réforme des retraites, le pays est à cran. Les fausses promesses comme la retraite à 1.200 euros pour tous alimentent la défiance politique. La politologue Chloé Morin met en garde: la séquence des retraites risque d’agir comme "un accélérateur de l’érosion du vote barrage". Didier Harpagès, professeur de sciences économiques et sociales, prévient: "Le désarroi qui va suivre l’adoption du projet de réforme pourrait refouler la colère et l’indignation, qui resurgiraient lors de la présidentielle de 2027 au profit prévisible de Marine Le Pen."

De grands quotidiens comme The New York Times, The Guardian, ou Der Spiegel alertent sur le "cadeau" potentiel que représente cette mesure d’âge pour Marine Le Pen en vue de 2027. Certains dans l’entourage du chef de l’Etat, ou au sein de Renaissance, recommandent donc une pause. Une remise à plat de l’agenda. Pour renouer avec les syndicats, évaluer les différentes réformes en préparation.

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