Le rapprochement Iran-Arabie Saoudite: triomphe pour Xi, déroute pour Biden
EDITORIAL. La diplomatie chinoise a frappé un grand coup, le 10 mars dernier, en officialisant le rétablissement des relations diplomatiques entre l'Iran et l'Arabie Saoudite. Un accord dont on ne connaît pas la teneur mais qui permet à Pékin de s'immiscer dans un jeu diplomatique largement monopolisé jusque là par les puissances occidentales.
Le rapprochement irano-saoudien parrainé par la Chine est un symbole de cette "désoccidentalisation" du monde que les nouvelles puissances émergentes appellent de leurs vœux. Scellé à Pékin le 10 mars par une poignée de main d’Ali Shamkhani, secrétaire du conseil national de sécurité iranien et numéro 3 du régime, avec le dignitaire saoudien Musaid al Aiban, cet accord est un nouveau signe du recul de l’influence américaine au moyen-orient, région où s’engouffre la Chine. De discrets contacts entre Riyad et Téhéran étaient certes en cours depuis deux ans via l’Irak et Oman, mais cette réconciliation entre les frères ennemis du golfe est avant tout un incontestable succès du président chinois Xi Jinping et de son ancien ministre des affaires étrangères Wang Yi, promu directeur du bureau central des affaires étrangères du parti communiste. "La Chine misait jusqu’ici au moyen-orient sur les Routes de la soie et la puissance de son économie, souligne l’orientaliste Gilles Kepel. Mais jamais elle ne s’était imposée à ce niveau comme médiateur, et c’est un tournant majeur."
Longtemps discrète et avant tout intéressée par les hydrocarbures de la région indispensables à son économie, la Chine de Xi Jinping a su tisser des "partenariats stratégiques intégraux", aussi bien avec Téhéran qu’avec Riyad et les monarchies du golfe maintenant ainsi un habile équilibre. La Chine tient en effet sous perfusion l’économie iranienne asphyxiée par les sanctions américaines; et elle est désormais le premier client du pétrole saoudien. Elle a donc les moyens de se faire entendre de toutes les parties. Pékin entre ainsi, et en grand, dans le complexe jeu moyen-oriental dominé par les Etats-unis depuis février 1945 et le pacte scellé sur le cuirassé Quincy entre le président Roosevelt et Abdelaziz Ibn Saoud qui assurait à Washington un accès privilégié au pétrole du Royaume en échange d’une protection militaire.
Un rapprochement difficile à évaluer
Evaluer ce que seront les conséquences conc[...]
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