Réforme des retraites: la France va t-elle connaître un retour des "gilets jaunes" ?
Les rassemblements spontanés contre le recours au 49-3 perdurent depuis son annonce par Elisabeth Borne jeudi 16 mars. Ces débordements marquent une rupture, avec le risque d’une radicalisation du mouvement selon Eric Delbecque, expert en sécurité intérieure, interrogé par Ouest France. Sans pour autant réécrire l'épisode des "gilets jaunes", qui s'étaient mobilisés en dehors des syndicats, aujourd'hui à la tête de la contestation.
Réveil brutal après l’annonce du déclenchement du 49,3 par Elisabeth Borne, qui a décidé d’engager la responsabilité de son gouvernement face au comptage des députés LR, insuffisants pour voter le projet de loi rectificatif de la sécurité sociale pour 2023.
Blocage momentané du périphérique parisien, rassemblement spontané et réitéré place de la Concorde à Paris, opérations flash des syndicats et des opposants à la réforme des retraites à Rodez, Evreux ou Sablé-sur-Sarthe, blocage de la gare de Bordeaux ou encore heurts et dégradations à Lyon: partout, les réactions sont vives et spontanées.
Rassemblements interdits à Concorde
Bilan de la soirée parisienne: 4.000 manifestants, dont 61 personnes interpellées à Concorde après que les plus radicalisés d’entre eux aient provoqué un incendie à l’intérieur des tôles d’un chantier et tiré des mortiers vers les CRS. Ces derniers avaient répliqué par des gaz lacrymogène, et les rassemblements sont désormais interdits dans cette zone et sur les Champs-Elysées par la Préfecture de police.
De là à prédire un remake des Gilets Jaunes 2018, il reste encore une marge. Mais la radicalisation du mouvement semble engagée. Les violences en marge des rassemblements, le jeudi soir de l’après 49.3 marquent une rupture, pour le politologue Christian Le Bart, auteur de Petite sociologie des Gilets jaunes (2020), qui s’est exprimé dans les colonnes de Ouest France ce samedi 18 mars. "Avec un gouvernement qui reste sourd et des médiateurs syndicaux qui n’arrivent pas à obtenir satisfaction, le scénario d’un durcissement et d’un débordement des syndicats devient possible".
"Barrages filtrants", cartes électorales brûlées
Ce samedi 18 mars, les manifestations souvent impulsives se sont multipliées : une cinquantaine de militants protestants contre les interpellations devant le commissariat du 1er arrondissement, des cartes électorales brûlées dans un brasero à Besançon, le périphérique bloqué à Nantes, tout comme la faculté de lettres et sc[...]
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