Réforme des retraites: comment éviter un conflit entre société civile et gouvernants?
EDITORIAL - Si la conflictualité est une marque de la démocratie, comment arriver aux compromis nécessaires à la décision? Le référendum d'initiative populaire est une piste pour combler le fossé entre gouvernants et gouvernés.
Quel que soit notre avis sur le contenu de la réforme des retraites, force est de constater la discordance qui oppose le projet du gouvernement et la société civile. Si le vote final a lieu, même sans recours à l’article 49.3, on constatera que la réforme est passée contre la volonté des trois-quarts des Français. Ce fait ne plaiderait pas en faveur de la nature démocratique de notre régime politique.
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Certes, le peuple n’a pas toujours, n’a pas forcément raison, comme le croient, ou plutôt comme l’affirment les populistes. Adolf Hitler, dans la version tragique, Donald Trump, dans la version farce, ont été des élus du peuple ; aujourd’hui, la popularité de Vladimir Poutine dépasse 80% dans les sondages à peu près fiables. Laissons de côté cette mythologie robespierriste et poujadiste d’un peuple pur et lucide, détenteur du Bien, face à des gouvernants aveugles et corrompus. La question est de savoir comment les règles de notre vie politique peuvent concilier l’efficience gouvernementale et la liberté politique.
La conflictualité, une marque de la démocratie
La démocratie n’est pas un régime de consensus. La conflictualité est sa marque à l’opposé de l’unanimité imposée des régimes autoritaires et totalitaires. L’important pour la vie commune est que les conflits dans la société, la concurrence entre les intérêts, les convictions, les idéologies n’interdisent pas les compromis nécessaires à la décision, c’est-à-dire à l’élaboration et à l’application des lois. Or cela suppose que les citoyens soient largement appelés à y concourir. Longtemps, ce sont les partis politiques qui ont exercé la fonction de représenter les citoyens dans cet exercice, mais ils sont aujourd’hui réduits à faire de la figuration — quand bien même celle-ci est tapageuse à la façon des mélenchoniens.
La solution, pour certains, serait le recours régulier au référendum — une forme de démocratie directe qui aurait pour effet d’associ[...]
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