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Quand les Chinois investissent en France

La Chine investit partout, même en France

Votez contre la mondialisation ! Ce slogan choc était le titre d'un petit ouvrage publié en 2011 et son auteur préparait ainsi sa candidature aux primaires socialistes . Mais en politique, il faut savoir avaler quelques couleuvres et teinter son patriotisme économique d'un peu de réalisme politique.

Justement, Arnaud Montebourg, puisque c'est lui dont il s'agit, hérite aujourd'hui d'un ministère qui vient d'entériner l'entrée d'un investisseur chinois au capital d'un fleuron de l'industrie française, le constructeur automobile Peugeot. Et Dongfeng ne fait d'ailleurs que reprendre le flambeau à un autre partenaire étranger, General Motors. Oui, la mondialisation, nous sommes en plein dedans, et elle n'a pas nécessairement que de mauvais côtés. Car on voit de plus en plus ces mêmes chinois, souvent mis au banc des accusés à cause des emplois industriels français détruits par le "made in China", investir en France. D'après les chiffres de l'Agence française pour les investissements internationaux, les investissements directs chinois en France ont bondi de 320 millions de dollars en 2004 à 5 milliards en 2013. Certes, nous ne sommes pas le pays préféré de l'Empire du milieu, dont les colossales réserves monétaires se dirigent plus volontiers vers l'Allemagne ou le Royaume-Uni, mais la tendance est là. Et les investissements chinois se répartissent sur de nombreux secteurs économiques. Petit tour d'horizon.

 

Technologie et industrie

En 2003 et 2004, TCL a mis la main coup sur coup sur les téléviseurs Thomson et la branche téléphonie mobile d'Alcatel : deux activités plutôt en perte de vitesse que le Chinois a su remettre sur les rails. Avec un chiffre d'affaires en hausse de 61% en 2013 et plus de 55 millions de téléphones mobiles vendus, TCL frappe à la porte du top 5 mondial, faisant presque jeu égal avec son compatriote Huawei.

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Dans un autre genre, les Moteurs Baudouin, un fabricant de moteurs pour bateaux, a été sauvé du naufrage en 2009 par le groupe chinois Weichai, qui a depuis créé 70 emplois au sein de la société, basée à Cassis.

 

Energie et matières premières

La croissance chinoise pose des problèmes importants en matière d'approvisionnements en matières premières et en énergie, le pays étant loin de l'autosuffisance. Un des fonds souverain chinois a ainsi investi quelque 2,3 milliards d'euros dans une filiale de GDF Suez, Exploration Production International, qui est notamment présente en Asie. En Normandie, c'est le groupe de fonderie Manoir Industries, notamment fournisseur des industries pétrolières et gazières, qui est passé sous le pavillon de Yantai Taihai l'année dernière.

 

Agro-alimentaire

La première population mondiale a aussi besoin de se nourrir et l'industrie agro-alimentaire française est réputée. Dès 2004, la société de transformation de fruits et légumes Conserves de Provence était passé sous pavillon chinois. Le lait français est aussi source d'intérêt, peut-être en conséquence des scandales du lait contaminé en Chine à la fin de la dernière décennie. Rien que l'année dernière, Synutra a investi 90 millions d'euros dans le Finistère pour construire une usine de fabrication de lait en poudre infantile, tandis que son compatriote Biostime a pris 20% de la coopérative laitière normande Isigny Sainte-Mère.

 

Luxe

C'est évidemment un secteur que nous jalousent particulièrement les Chinois, et pas seulement eux. Il y a une dizaine d'années déjà que la taïwanaise Shaw-Lan Wang a jeté son dévolu sur Lanvin, maison de couture rachetée à L'Oréal et qu'elle a développé avec succès. Le rachat du distributeur de parfums Marionnaud par le groupe AS Watson en 2005 n'a pas été une telle réussite et l'enseigne a perdu de son lustre. On trouve aussi des investisseurs hongkongais dans l'hôtellerie de luxe parisienne avec le Shangri La, ou aux côtés des qataris pour le futur Peninsula Paris. Mais s'il est un domaine où les Chinois sont particulièrement actifs, c'est la production viticole. C'est par dizaines qu'on compte les domaines qu'ils ont racheté dans le Bordelais. Certains s'en inquiètent mais après tout, le terroir est une chose difficile à délocaliser. Et le phénomène devrait contribuer à doper nos exportations de vin en Chine. Voilà au moins un secteur où le déficit commercial ne menace pas.

 

Emmanuel Schafroth