Le PS satellisé par LFI : un plat de lentilles loin du big bang de Rocard
EDITORIAL - D'aucuns diront que l'alliance du Parti socialiste avec LFI a sonné le glas de l'identité social-démocrate de l'ancien grand parti de gouvernement. Mais pour notre éditorialiste et historien Michel Winock, une telle construction politique n'a jamais existé en France. Le grand mouvement de gauche réformiste voulu il y a 30 ans par Michel Rocard semble enterré par la soumission du PS à la France Insoumise.
Pas mort ! Les congressistes du Parti socialiste (PS) se sont séparés dimanche dernier avec la satisfaction d’avoir sauvé leur radeau du naufrage. Les deux moitiés du parti se sont en apparence recollées grâce à un expédient de direction plus ou moins "collégiale", qui ressemble plus à un leurre qu’à un véritable accord. De toute façon ce congrès paraissait accessoire au regard d’une réalité cruelle, celle du dépérissement apparemment inéluctable du Parti socialiste en France.
Plusieurs signes l’attestent depuis 2017, année qui a vu la déroute de Benoît Hamon à la présidentielle (6 % des voix), après que le chef d'Etat socialiste sortant, au plus bas dans les sondages, avait battu en retraite, jusqu’au score déshonorant d’Anne Hidalgo en 2022 (1,7%) et l’accrochage du wagon socialiste à la locomotive mélenchonienne.
En participant à la Nupes en position de faiblesse, le parti socialiste devenait un sous-ordre de la France insoumise : on n’avait jamais vu encore la gauche subordonnée à l’extrême gauche.
Un PS en déconfiture
On peut inscrire ce déclin dans un mouvement général en Europe. Néanmoins, dans de nombreux pays, les sociaux-démocrates ou travaillistes participent au pouvoir. C’est le cas au Danemark, en Allemagne, en Suède, en Norvège, en Espagne, et l’on sait que Sanna Marin, la jeune Première ministre de Finlande, appartient au Parti socialiste. En Autriche le Parti social-démocrate (SPÖ) n’est plus au pouvoir, mais il est arrivé deuxième aux dernières élections avec 21 % des suffrages. Au Royaume Uni, le Parti travailliste est désormais favori pour les prochaines consultations électorales. Bref, les partis sociaux-démocrates ou analogues sont peut-être en déclin en Europe, mais le PS français, lui, est en déconfiture, tout comme la gauche en Italie.
Les causes en sont multiples, mais il n’est pas inutile d’en examiner les origines historiques. La réalité est qu’en France il n’a jamais existé de social-démocratie. Le modèle de celle-ci a été donné par l[...]
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