Le Pritzker couronne l’architecture de la sobriété
Le prix Pritzker a été attribué au duo français Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, le 16 mars.
A ceux qui doutent que l’esbroufe ne soit plus de mise dans l’architecture, l’attribution du prix Pritzker au duo français Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, le 16 mars, en est l’indiscutable preuve. Cette récompense pour l’ensemble de leur œuvre signe en effet l’avènement de la simplicité mêlée à la générosité. « Less is more » (« moins, c’est plus »), avait décrété en son temps le grand architecte américain Mies van der Rohe. Ce pourrait être le slogan de ce couple qui conçoit des espaces généreux avec des budgets modestes. Cela sans négliger l’environnement désormais au cœur des enjeux de la construction. « Leur travail, qui répond aux urgences climatiques et écologiques de notre temps autant qu’à ses urgences sociales, en particulier dans le domaine du logement urbain, redonne de la vigueur aux espoirs et aux rêves modernistes d’amélioration de la vie du plus grand nombre », a estimé le jury de ce prix fondé en 1979, doté de 100 000 dollars de récompense.
Parfaitement dans leur époque, Lacaton et Vassal privilégient la transformation et l’amélioration de logements existants en milieu urbain, au détriment du neuf, comme d’autres recyclent les vêtements, l’électroménager ou les téléphones avec beaucoup de succès. C’est ce principe que le tandem d’architectes a appliqué en 2011 à la tour Bois-Le-Prêtre, un immeuble de quelque 100 logements construits au début des années 1960 dans le XVIIe arrondissement de Paris. Ils en augmentèrent la superficie et améliorèrent le confort des appartements en retirant la façade de béton d’origine et en ajoutant des extensions chauffées, des jardins d’hiver et des balcons bioclimatiques. Un travail qu’ils reprendront à plus grande échelle à la Cité du Grand Parc de Bordeaux, et qui est en train de faire école.
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