Présidentielle en Turquie: le pays au pied du mur démocratique

REPORTAGE - Le président turc sortant Recep Tayyip Erdogan va tenter de remporter une troisième élection présidentielle de suite, ce dimanche 14 mai. Il est toutefois donné perdant dans les sondages face au candidat de l'opposition, dans un pays en pleine crise économique.

En ce jeudi nuageux d'avril, le long du grand boulevard Senay Aybuke Yalcin d'Ankara, du nom d'une jeune professeure assassinée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en 2017, le défilé des QG des principaux mouvements politiques du pays pourrait dessiner les rapports de force de l'élection présidentielle de ce dimanche 14 mai. D'abord, celui du Parti de la justice et du développement (AKP) fondé par le président Recep Tayyip Erdogan, 69 ans, aux manettes depuis 2003. Une forteresse grise de dix étages qui semble inexpugnable. A un peu plus d'un kilomètre à l'ouest se dresse le siège un peu suranné, couleur brique et gris, du Parti républicain du peuple (CHP), créé en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk, père fondateur de la Turquie moderne.

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Une coalition bien placée

Si le candidat du CHP, Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans, est donné vainqueur dans les sondages, la plupart des experts s'accordent à dire que sortir Erdogan de son fastueux "palais blanc" d'Ankara, quatre fois plus grand que Versailles, serait une sensation. Celui que l'on surnomme le "Gandhi turc" a réussi le tour de force de rassembler l'opposition dans le but de rétablir un régime parlementaire. Il chapeaute une coalition disparate baptisée l'Alliance de la nation qui regroupe six partis nationalistes, sociaux-démocrates et islamistes.

Le candidat du Parti républicain du peuple (CHP), fondé en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk, est donné vainqueur à la présidentielle du 14 mai.
Le candidat du Parti républicain du peuple (CHP), fondé en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk, est donné vainqueur à la présidentielle du 14 mai.

A un jet de pierre du quartier général du CHP, le siège du parti Deva est d'ailleurs en ébullition. Lancé en 2020 par l'ancien ministre de l'Economie d'Erdogan, Ali Babacan, chouchou des marchés financiers et artisan du spectaculaire boom économique turc dans les années 2000, il jouera un rôle clé si l'opposition l'emporte. "Nous sommes clairement favoris et peut-être allons-nous gagner dès le premier tour, s'enthousiasme l'économiste Ibrahim Canakci, ancien sous-secrétaire au Trésor et l'un des cadres de Deva. Les sondages nous sont favorables mais il y a surto[...]

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