Pourquoi La Tribune s'est vendue à Rodolphe Saadé (CMA-CGM)

BORIS HORVAT / AFP

La cinquième fortune française et patron de CMA-CGM s'offre La Tribune et poursuit la création de son groupe médiatique après l'acquisition de La Provence et des participations dans M6 et Brut. L'approche régionale et le savoir-faire dans l'événementiel du journal économique, qui a failli disparaître il y a 10 ans, ont convaincu l'armateur. Reste à donner des gages pour l'indépendance de la rédaction.

"Apprendre la vente de notre journal entre une info sur la pornographie et la mort de Tina Turner, c’est pour le moins baroque", résume un journaliste de La Tribune. Jeudi matin 25 mai, Europe 1 annonce dans son émission sur les médias la cession du titre à l’armateur CMA-CGM détenu par la 5e fortune de France Rodolphe Saadé (36 milliards d'euros en 2022). C’est la stupeur à la rédaction du média économique. Ni les journalistes ni le comité de direction ne sont au courant. Silence radio également chez les parties prenantes.

Et pour cause: le deal entre les cédants principaux Jean-Christophe Tortora-Franck Julien (161e fortune française) et l’acquéreur n’est pas encore finalisé. Il le sera en tout début de soirée avant qu’un communiqué ne soit publié au petit matin ce vendredi 26 mai.

CMA-CGM acquiert 100% de la holding Hima (72% du capital de La Tribune), détenue à 20% par Jean-Christophe Tortora et 80% par Franck Julien, entré au capital fin 2016. Laurent Alexandre cède également sa participation (28%).

Cette journée intense est à l’image d’une opération réalisée à la vitesse de la lumière. "CMA-CGM est l’une des entreprises les plus rentables de France. Rodolphe Saadé ne vit pas dans un monde de petits bras. A partir du moment où la décision est prise, c’est comme si c’était fait", explique un participant du dossier.

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Un actionnaire ambitieux pour développer le titre

Une décision prise aussi au moment où les planètes sont alignées : un actionnaire Franck Julien aux abois, confronté à des affaires judiciaires et à des échéances capitales pour le géant du service Atalian dont il est propriétaire ; Rodolphe Saadé, le nouveau tycoon des médias aux moyens colossaux, plein d’appétit pour l’univers médiatique après le rachat de La Provence (81 millions d’euros) et ses prises de participations dans Brut et M6 (10% du capital). Et une cible, La Tribune, de nouveau à l’équilibre ma[...]

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