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Pourquoi les séries catastrophistes sur l’écologie posent problème

Sienna Miller au milieu d’un feu de forêt dans la série d’anticipation « Extrapolations » d’AppleTV+
Sienna Miller au milieu d’un feu de forêt dans la série d’anticipation « Extrapolations » d’AppleTV+

SÉRIES - Pour survivre face au changement climatique, il va falloir se battre contre des animaux ou des végétaux devenus dangereux, et se construire un bunker pour s’isoler de ceux qui voudront nous voler nos ressources alimentaires ou énergétiques. Voilà le scénario, à peine raccourci, de notre futur imaginé par la fiction depuis quelques années. Mais cet « imaginaire catastrophique » illustré sur le petit écran n’est pas qu’un divertissement.

« Les scénaristes ont une responsabilité dingue lorsqu’ils écrivent une série. Parce que si on montre un horizon sans cesse bouché et dystopique, on s’installe dans une prophétie autoréalisatrice », alerte Cyril Dion, réalisateur et militant écologiste, lors d’une conférence sur « ce que peuvent les séries pour l’écologie » au festival SériesMania à laquelle Le HuffPost a assisté.

Imaginaire catastrophique ou survivaliste

Quelques jours plus tôt, Apple TV+ mettait en ligne les premiers épisodes de son blockbuster d’anticipation Extrapolations, où les feux de forêts, les inondations majeures et l’augmentation de la température du globe perturbent le quotidien de ses héros. Et si Tahar Rahim, au casting, nous confiait y voir « un moyen sublime pour pouvoir réveiller les consciences sur un sujet qui est plus important que tout, qui est notre maison », Cyril Dion n’est pas du même avis.

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Avoir basé leurs « extrapolations » sur les prédictions du GIEC permet de « matérialiser des chiffres à travers des trajectoires d’êtres humains », concède-t-il, mais cette série est l’exemple d’un « imaginaire catastrophique » dont les scénaristes ont du mal à se sortir. Vouloir « montrer la catastrophe pour ne pas en arriver là » ne tient pas selon l’auteur des documentaires Demain et Animal. « Au-delà du côté sidérant, ça finit par nous convaincre que le futur ressemblera à ça ».

Et de glisser que même Marion Cotillard, amie du réalisateur avec qui il a cofondé la société de production « à impact » Newtopia, qui tient pourtant un rôle dans cette série refuserait d’en faire la promo, déçue d’y voir « tout ce qu’il ne faut pas faire ».

Devant The Fortress, thriller très efficace présenté à SériesMania dans lequel le gouvernement norvégien décide, face aux crises climatiques et migratoires, d’ériger un mur pour vivre en autosuffisance, Cyril Dion voit cette fois un « imaginaire survivaliste ». « Pourquoi ne pas réfléchir plutôt à un système où on partage les richesses qu’on a pour que tout le monde s’en sorte ? », interroge-t-il.

Et devant Abysses, co-production internationale en 8 épisodes prochainement diffusée sur France 2, le militant regrette la « rhétorique guerrière » qui oppose les humains aux formes de vie animale. La série, dans laquelle Cécile de France incarne une professeur en biologie moléculaire, décrit un monde où une force mystérieuse utilise des créatures marines pour déclarer une guerre contre l’humanité. Tandis que des baleines et orques attaquent des bateaux en Norvège, des homards transmettent une étrange maladie mortelle sur les côtes françaises.

Néanmoins, le producteur d’Abysses Frank Doelger assure que s’il joue volontairement avec cette « perception de la nature comme une force maléfique », le téléspectateur verra au fil des derniers épisodes (nous n’en avons vu que deux) que le monstre dans cette histoire « c’est l’homme et son comportement délétère vis-à-vis de la nature ». « On espère au final faire comprendre au plus grand nombre la responsabilité qui incombe à l’homme dans sa relation avec le vivant », promet celui à qui l’on doit entre autres Game of Thrones.

La fiction pour anticiper nos réactions

Plutôt que de créer un effet de choc ou de sidération, les fictions peuvent, selon Cyril Dion, nous permettre « d’anticiper certaines situations, et la façon dont nous réagirions face à elles ». C’est le cas de la série espagnol Apagon, co-réalisé par Rodrigo Sorogoyen (As Bestas), où une tempête solaire frappe la Terre et provoque une panne d’électricité générale. « La trajectoire du monde telle qu’elle est dessinée pourrait nous amener à vivre des situations comme celle-là. Autant se poser ces questions maintenant. »

Pour France Télévision, le Français prépare sa première série de fiction autour d’une question à laquelle lui-même n’a justement pas la réponse, assure-t-il. « C’est pour ça que j’en fais une série ! Tout l’intérêt de la fiction c’est d’explorer différents points de vue pour nous sonder nous-mêmes. » Les six épisodes de We could be heroes, réalité dans laquelle le gouvernement de l’UE a mis en place un système via lequel les habitants gagnent ou perdent des points en fonction de leurs comportements au quotidien, auront ainsi pour sous-texte : « Le jour de la révolution, de quel côté serez-vous ? » sans apporter une réponse manichéenne à celui ou celle qui les regardera.

Sans oublier que les fictions, sans avoir la crise climatique pour sujet central, peuvent aussi montrer des comportements vertueux et changer implicitement les représentations. « Le placement de produits a un impact sur nos psychés. Ce n’est pas pour rien qu’Apple paie autant pour que James Bond ait le dernier iPhone », compare Cyril Dion. Depuis l’immense succès du film Don’t look up, c’est avec cette ambition que Netflix a, selon nos informations, monté un conseil d’experts sur l’environnement qui peut être contacté par des créateurs pour apporter son regard sur les éléments d’un scénario.

Mais au-delà des petits gestes, le réalisateur rêve enfin de « récits positifs » qui imagineraient « des situations où des gens s’entraident, trouvent des solutions ». « Peut-être que ça nous aidera », se demande Cyril Dion. « Après tout, si le cinéma du temps de Méliès n’avait pas imaginé aller sur la Lune, est-ce qu’on aurait vraiment eu envie d’y aller ? »

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