Pourquoi Macron sera contraint de dissoudre l'Assemblée
EDITORIAL. Emmanuel Macron est en rade. Contraint de recourir à l'article 49.3 sur la réforme des retraites, il ne peut plus compter sur les députés LR pour faire passer ses réformes. Face à une Assemblée bloquée, il n'aura pas d'autre choix que de dissoudre. Une décision dangereuse, qui risquerait d'ailleurs de se retourner contre lui.
S’il fallait en croire les conseillers de l’Elysée, Emmanuel Macron (une fois passé le calvaire, le chemin de croix, des retraites et c’est fort loin d’être le cas) fourmille de projets- travail, santé, immigration, éducation, écologie, institutions- tous ambitieux, tous nécessaires. Le pouvoir, on le comprend d’ailleurs, fait "comme si"… "Comme si" tout était normal. "Comme si" la persistance du mouvement social et du front syndical uni n’était pas un élément majeur. "Comme si" il ne fallait pas redouter que les jeunes, lycéens et étudiants mêlés, prennent enfin une part active, et par définition incontrôlée, à la contestation. "Comme si" nos institutions continuaient à fonctionner, "comme si" elles n’étaient pas en panne, ces institutions de la Vème République dont nous sommes à juste titre si fiers mais qui, à l’Assemblée nationale au moins, lieu cardinal de notre démocratie, se sont encrassées jusqu’au blocage.
Le piège LR s'est refermé sur les macronistes
Voilà en effet la conséquence mécanique et institutionnelle majeure de cette épreuve des retraites: la fameuse majorité "relative" du camp macroniste sera désormais dans l’incapacité quasi chronique de faire passer une loi d’importance. Pour gagner, sachant que nulle négociation n’est envisageable avec la Nupes et le RN, les macronistes ont un besoin impératif de s’allier, texte après texte, avec trentaine de députés les Républicains (sur 61). Ils ne l’obtiendront pas; ils ne l’obtiendront plus. Fini. Le piège s’est refermé.
Peu avant l’élection présidentielle 2022, Nicolas Sarkozy avait tenté de convaincre le président-candidat Macron qu’il lui fallait faire une alliance-programme avec LR, choisir un premier ministre issu de cette droite là, ne pas présenter de candidats contre ses députés-sortants. Le chef de l’état n’avait pas accédé à la requête de l’ex. Elle lui semblait inutile puisqu’il était convaincu d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale, qu’il l’agrémenterait de quelques débauchage[...]
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