Pourquoi Carlos Tavares change de pilote chez Citroën
Le feu couvait depuis plusieurs mois. Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, s'irritait des médiocres résultats de Citroën. Thierry Koskas remplacera Vincent Cobée à la tête de la firme aux chevrons. Parts de marché en baisse continue, contraste entre le positionnement populaire et des prix assez élevés, acheteurs âgés, Citroën est dans la tourmente.
Au lendemain de la proclamation de ses profits record (bénéfice net record de 16,8 milliards d’euros en 2022, marge opérationnelle de 13%), le groupe Stellantis annonce le… débarquement impromptu du patron de la marque Citroën ! Le secret avait été bien gardé et même les cadres dirigeants de la firme au double chevron sont pris complètement au dépourvu. Thierry Koskas, 58 ans, actuel directeur des ventes et du marketing de Stellantis, prendra en effet au 1er mars la direction de Citroën, tout en conservant ses actuelles fonctions.
Cet ancien de Renault, qui avait rejoint PSA en 2019, remplacera Vincent Cobée, 54 ans, un ex de Nissan qui aura passé trois ans seulement à la tête de la firme aux chevrons. Il est vrai que le feu couvait. Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, manifestait depuis plusieurs mois son irritation devant le manque de rentabilité de Citroën (chiffres gardés secrets) et mettait une très forte pression sur Vincent Cobée, selon une source interne du groupe. "Citroën n’est pas clairement au niveau où il devrait être", reconnaît-on laconiquement au sein de la marque. Les caractères entiers, voire brutaux, de Carlos Tavares et Vincent Cobée, n’ont pas arrangé leurs relations.
Mais que se passe-t-il donc ? Le capital de sympathie de la marque est certes intact. Ne reste-t-elle pas la marque la plus prisée des… collectionneurs français de voitures anciennes devant Renault et Peugeot, selon l’assureur Hiscox ? Las, cette attirance mémorielle pour les anciennes 2CV ou DS ne génère pas le même engouement pour les derniers modèles. Citroën ne détient plus en effet que 3,3% du marché européen (2022). Contre 4% en 2019, l’année avant le Covid, 5% en 2013, 6% en 2010. Et, sur la seule France, Citroën atteint péniblement 8,5%. Contre 10,5% au milieu de la précédente décennie, près de 15% en 2010 ! Suprême humiliation : Citroën s’est fait doubler par Dacia l’an passé… en Europe comme en France. "On est vexés, mécontents", reconnaît Nicolas Luttringer[...]
Lire la suite sur challenges.fr