Pourquoi Berlin a fait volteface vis-à-vis de l'Europe

Matthias LüDecke/AKG-Images

Ministre allemand des Finances, Christian Lindner a remis en cause des accords politiques européens majeurs. Face à l'ire de Bruxelles, le libéral s'explique.

Qu'est ce qui a pris à l'Allemagne? Pourquoi tout à coup se met-elle à jouer les mauvais élèves de l'Europe, alors que d'habitude elle est la première de la classe? Pourquoi avoir remis coup sur coup en cause un accord politique essentiel sur la lutte contre le changement climatique, puis une semaine plus tard, le 14 mars, un autre sur le Pacte de stabilité?

Responsable de ces revirements, le ministre des Finances Christian Lindner argue que le point de vue de Berlin est trop minoré, à l'immense irritation des diplomates et eurodéputés, comme le président de la Commission de l'environnement Pascal Canfin. "C'est inacceptable, fulmine celui qui a négocié pendant de longs mois la fin des moteurs thermiques en 2035. On attend de l'Allemagne qu'elle soit fiable, qu'elle respecte sa parole."

Un sondage, un homme et une situation politique inédite aident à comprendre les origines de ces volte-face. Le sondage, d'abord. Fin 2022, le classement annuel des préoccupations des Allemands a montré que les trois premières sources d'angoisse de nos voisins sont la hausse du coût de la vie (67%), le prix des logements (58%) et la dégradation de l'économie (57%), loin devant le climat (8e position), la guerre (12e) ou le terrorisme. Avec les dettes liées au Covid et au conflit en Ukraine, avec l'accélération de l'inflation et la remontée des taux d'intérêt, ils commencent à paniquer.

"Ordo libéralisme daté"

D'où le rôle clé joué par Christian Lindner, patron du parti libéral, minoritaire, mais rassurant pour la population. "Il est un pur produit de la RFA des années 1980-1990, Parangon d'un ordo libéralisme un peu daté, note Nils Schmid, député social-démocrate proche du chancelier Scholz.

Ses récents revers aux élections régionales l'ont amené à revenir aux fondamentaux, notamment le fameux frein à la dette." Le 15 mars, Lindner aurait dû présenter les grandes lignes de son Budget 2024. Or il l'a reporté, s'expliquant le soir même à la télévision: "Nous avons des recettes records,[...]

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