Pourquoi Air France met les gaz sur le premium
Après deux ans clouée au sol, et des pertes abyssales, la compagnie aérienne investit sur de nouveaux avions et des sièges haut de gamme pour distancer la concurrence.
Tant pis si l'harmattan, le vent de sable du nord-ouest tombé sur Dakar en ce début juin gâche un peu la vue sur la mer depuis la résidence de l'ambassadeur de France. De retour dans la capitale sénégalaise pour la première fois depuis la crise sanitaire, Anne Rigail, la directrice générale d'Air France, a d'autres raisons de se réjouir: parmi les convives, patrons locaux du groupe Bolloré, de l'armateur MSC, du cimentier Eiffage ou du concessionnaire automobile CFAO, peu disent réduire leurs déplacements aériens. Ces clients ultra-VIP, membres du très select club 2.000 ou Platinum for Life à plus de 100.000 miles par an, n'envisagent ni leurs réunions en Teams ou Zoom ni de sacrifier leur confort à bord. "Je n'ai jamais pris la classe Eco, je ne pas vais commencer aujourd'hui", glisse une élégante dirigeante sénégalaise, "impatiente" de découvrir les cabines Business promises pour l'automne entre Paris et Dakar.
Avec plus de deux ans de retard, la rénovation de douze Boeing 777-300ER, pour un total de 180 millions d'euros, doit en effet remettre le flagship au niveau des meilleurs standards internationaux. L'Afrique de l'Ouest était encore desservie avec des sièges datant de… 2010. Présenté le 13 mai à la tour Eiffel, le nouveau fauteuil Cirrus de Safran offrira un lit de près de 2 mètres, un accès direct à l'allée et une porte coulissante pour s'isoler. Un luxe généralement réservé à la Première classe chez les concurrents.
Vents contraires
La stratégie peut surprendre. Est-ce raisonnable de miser sur le premium alors que les experts prédisent une attrition des clients d'affaires en long-courriers en raison de l'essor du télétravail et des contraintes environnementales au sein des entreprises? La banque Oddo BHF estime dans une récente étude que ces passagers "pourraient structurellement diminuer de 17 à 35%, affectant particulièrement la rentabilité d'Air France, Lufthansa et d'easyJet à laquelle ils contribuent à hauteur de 50 à 75% du résultat d'exploitation". [...]
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