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Plan de sobriété : Le décret pour couper l’électricité aux panneaux lumineux ne satisfait pas les associations

Plus de règlementations pour les publicités lumineuses.
AFP Plus de règlementations pour les publicités lumineuses.

ÉNERGIE - Ils sont plus de 50 000 dans le paysage français et vous en rencontrez à tous les coins de rue ou presque : les panneaux publicitaires lumineux. Loin de montrer l’exemple en matière de sobriété, ces panneaux sont très énergivores. Dans le contexte de tension sur le réseau et alors qu’il présente son plan global de sobriété, le gouvernement veut en limiter l’mpact, avec l’entrée en vigueur ce jeudi 6 octobre d’un décret promis au début de l’été. Mais le texte est d’une timidité qui irrite associations et experts.

En 2020, l’Agence de la transition écologique (Ademe) s’était penchée sur les impacts de ces panneaux publicitaires lumineux. L’agence dénombrait 55 000 panneaux publicitaires lumineux en fonctionnement en 2019, contre « seulement » 40 000 deux ans plus tôt. Or ces nouveaux occupants de l’espace public ont un appétit redoutable. « Un écran publicitaire LCD numérique de 2 m2 consomme 2049 kW/an, ce qui est proche de la consommation moyenne d’un ménage français pour l’éclairage et l’électroménager (sans le chauffage) », soulignait l’Ademe.

Et il n’y a pas que le problème de la consommation électrique : « 50% des émissions sont dans la fabrication » explique Emmanuelle Frenoux, chercheuse en sciences et impact du numérique à l’Université Paris-Saclay. « Extraire les métaux nécessaires, les traiter avec de l’acide, les chauffer à forte température, cette pollution-là est déjà vraiment néfaste ».

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Alors que des efforts sont demandés aux Français en prévision de l’hiver, n’est-ce pas le bon moment pour les éteindre ? Plutôt pour « harmoniser les règles d’extinction des publicités lumineuses à l’échelle nationale », répondait récemment le ministère de la Transition énergétique à Libération.

Que change ce décret ?

Depuis une dizaine d’années, des règles encadrent l’éclairage dans l’espace public, mais selon la taille des agglomérations et la volonté des mairies elles-mêmes. Depuis 2013, un arrêté encadre les horaires de fonctionnement « des éclairages de bâtiments et de façades non résidentiels ainsi que celui des bureaux et vitrines qui y sont installés ». Mais les communautés urbaines de plus de 800.000 habitants peuvent s’y soustraire.

Concrètement, le décret du 6 octobre va élargir à tout le territoire l’interdiction des bâtiments et façades, en y ajoutant à tous les spots publicitaires lumineux présents sur le mobilier urbain. Premiers visés, les abribus, qui jusqu’ici étaient exemptés de toute restriction.

Ces publicités lumineuses devront rester éteintes entre 1h et 6h du matin, comme précédemment. Le non-respect des règles d’extinction sera sanctionné d’une amende de 1 500 euros par annonce publicitaire (contre 750 euros auparavant). Le gouvernement précise vouloir plutôt prévenir que punir.

« Éteindre tous ces écrans publicitaires va évidemment générer des économies d’énergie ponctuelles, comme si 55 000 ménages éteignaient tout sauf leur chauffage », confirme Emmanuelle Frenoux. 55 000 ? Cela reste à voir car les exceptions à la règle s’accumulent tant que pour beaucoup, le compte n’est y pas.

Ainsi, les panneaux publicitaires présents sur les arrêts de bus ou sur tout autre mobilier lié aux transports publics, pourront rester allumés lorsque les lignes de transports nocturnes sont ouvertes aux usagers. Rien que pour la capitale, cela représente 1 239 arrêts qui pourront donc déroger à cette règle, et rester allumés jour et nuit.

Exception supplémentaire, tous les secteurs d’activité ou lieux recevant du public ne seront pas concernés. Les gares ou aéroports ne sont pas sur la liste de cette uniformisation. Ces lieux n’étaient déjà pas concernés auparavant et le resteront. L’efficacité de ce décret sur la facture énergétique peut alors être largement mise en doute.

« Il ne faut pas les éteindre, il ne faut pas en mettre »

Pour les associations écologistes, c’est tout simplement trop peu. Non seulement les restrictions au décret le vide de son sens, mais il faudrait aller plus loin, beaucoup plus loin contre les pubs lumineuses : il faudrait tout simplement les éteindre pour de bon.

Une pétition demandant « l’extinction définitive des écrans numériques publicitaires » a d’ailleurs été lancée mardi 13 septembre. Le texte de l’initiative s’adresse directement au président de la République par ces mots : « Nous défendons une mesure d’urgence, juste socialement et écologiquement : éteindre définitivement les écrans numériques publicitaires ».

Cette cause, Emmanuelle Frenoux la partage : « C’est une source d’énergie qui est parfaitement inutile [...] ce genre d’affichage n’est pas essentiel dans la mesure où nous avons fait sans, pendant bien longtemps. D’un point de vue environnemental, c’est aberrant pour la consommation d’énergie et pour l’impact sur la biodiversité ».

Le décret de septembre ? « une réponse nécessaire mais dérisoire, qui ne permet pas de libérer définitivement nos espaces publics, gares et transports en commun des écrans publicitaires » précise la pétition. L’appel a reçu en quelques heures la signature de personnalités politiques écologistes et de gauche. C’est le cas d’Éric Piolle (maire de Grenoble), de plusieurs députés insoumis (Mathilde Panot, François Ruffin) ou encore du député socialiste de Meurthe-et-Moselle Dominique Potier.

« Ces panneaux lumineux, il ne faut pas les éteindre, il ne faut pas en mettre car en réalité, ils ne sont pas tout seuls, il y a des réseaux mobiles et filaires derrière, et leur objectif est de pousser à la consommation, ce qui n’est plus du tout adapté à ce vers quoi on veut tendre » prévient Emmanuelle Frenoux. Mais La fin de l’abondance, en matière publicitaire du moins, n’est pas pour aujourd’hui.

À voir également sur Le HuffPost : Face à l’inflation et la crise de l’énergie, les associations d’aide alimentaire en surchauffe

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