<p>Chronique "L'air du temps"</p> - Les doux ponts de mai
Chez nous, ce mois se sirote comme un pastis et la paresse est un acquis.
Dès le 1er janvier, les jeux étaient faits : 2021 ne serait pas un bon cru. Un simple coup d’œil au calendrier des postes et déjà deux nuages pointaient à l’horizon. Le 1er et le 8 mai tombaient un samedi. En somme : deux coups pour rien. Comprenons-nous : je ne compte pas mes jours chômés comme Harpagon ses écus, mais je n’aime pas qu’on porte atteinte aux marques traditionnelles de l’extrême civilisation française. Chez nous, le mois de mai se sirote comme un pastis. La paresse est un acquis. Sans m’agripper au parapet de la lutte des classes, je préférerais qu’on ne le remette pas en cause. D’autant que c’est aussi une urgence : le travail est utile, rémunérateur, rassurant et, pour finir, moral mais, à la longue, il est fastidieux et même fatigant. Nos ancêtres le savaient, eux. Aucun pays n’a intérêt à traiter à la légère ses traditions. Les grandes nations ont un grand passé. Qu’elles le respectent !
Le 1er mai, c’est le 25 décembre de la CGT. Pas touche ! Ses processions doivent tomber en semaine et faire râler les patrons. Ça se passait autrement mieux du temps du Parti communiste. C’est entendu : ce frelon n’a jamais fait que des piqûres de moustique. Il parlait de soulever des montagnes et ne déplaçait que des cailloux. Son grand soir ne s’enflammait pas plus qu’une allumette. Mais, quand même, il nous manque. On peut dire qu’il savait faire le spectacle. Ses menaces n’étaient peut-être que du vent dans une cage et, au fond, il n’était pas plus menaçant que la barbe à papa, mais ça swinguait quand il nous expliquait que la France de Giscard, c’était le fouet et la mine. J’étais là et je peux vous dire qu’à la Bastille, on se marchait dessus.
Philippe Martinez ne fait plus peur à personne
La semaine(...)