Un pétrolier attaqué au large du Yémen fait peser le risque d'une "catastrophe environnementale" (experts)

Cette photo fournie par EUNAVFOR ASPIDES le 5 septembre 2024, et datée du 2 septembre, montre de la fumée et un incendie à bord du pétrolier grec Sounion au large de la côte de Hodeida en mer Rouge (-)
Cette photo fournie par EUNAVFOR ASPIDES le 5 septembre 2024, et datée du 2 septembre, montre de la fumée et un incendie à bord du pétrolier grec Sounion au large de la côte de Hodeida en mer Rouge (-)

Un pétrolier attaqué par les rebelles yéménites houthis et abandonné au large du Yémen, avec à son bord plus d'un million de barils de pétrole brut, pourrait provoquer une "catastrophe environnementale" en mer Rouge s'il se brisait ou explosait, avertissent des experts.

Touché par des missiles le mois dernier, le Sounion, un navire battant pavillon grec, était encore en feu samedi, faisant peser le risque d'une marée noire quatre fois plus importante que celle provoquée par l'Exxon Valdez en 1989 au large de l'Alaska.

"Une marée noire de cette ampleur pourrait être pratiquement impossible à contenir, contaminant de vastes étendues d'eau de mer et de côtes", prévient Julien Jreissati, le directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de l'organisation Greenpeace. "Les impacts à long terme sur la biodiversité marine pourraient être dévastateurs, les résidus de pétrole pouvant persister dans l'environnement pendant des années, voire des décennies".

Les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ciblent depuis des mois les navires qu'ils estiment liés à Israël, aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, dans le contexte de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Le Sounion, qui transporte 150.000 tonnes de pétrole brut, a pris feu et perdu sa force motrice après avoir été attaqué le 21 août. Ses 25 membres d'équipages ont été évacués le lendemain par une frégate française de la mission européenne Aspides, déployée dans la zone.

Quelques jours plus tard, les rebelles ont affirmé avoir fait exploser des charges sur le pont du navire, déclenchant de nouveaux incendies.

- Situation "imprévisible" -

Les entreprises privées qui devaient remorquer le navire, ancré à mi-chemin entre le Yémen et l'Erythrée, ont jugé qu'il n'était "pas sûr" de le faire, a annoncé la semaine dernière la mission Aspides, chargée d'assurer leur protection, en affirmant que des "solutions alternatives" étaient à l'étude.

Le pétrolier étant "lourdement chargé, immobilisé et en feu, la situation est extrêmement dangereuse et imprévisible", souligne M. Jreissati. "Le risque d'une catastrophe environnementale majeure est important, car le navire peut se briser ou exploser à tout moment", ajoute-t-il.

Depuis novembre, les attaques des Houthis ont provoqué la mort d'au mois quatre membres d'équipages, et le naufrage de deux navires, dont le Rubymar, un vraquier qui a sombré en mars avec des milliers de tonnes d'engrais à son bord.