La bourse est fermée

Comment le nucléaire est devenu un dossier aussi tabou

Jean-Francois Badias / POOL / AFP

EDITORIAL - Ne sommes-nous pas tous ambivalents ou hésitants, face au nucléaire, s'interroge notre éditorialiste? Comment ne le serions-nous pas, sur une question si complexe, si importante, par ses enjeux, si redoutable, par ses possibles conséquences, et que la plupart d'entre nous maîtrisons si mal?

"En France, on n'a pas de pétrole mais on a des idées", disait la pub. C'était sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, dans les années qui suivirent le premier choc pétrolier (en 1973), lequel sonnait le glas des Trente Glorieuses. Mais nous avions en vérité beaucoup plus que des idées: des centrales nucléaires, envisagées dès après la guerre (le CEA fut créé en 1945, par le général de Gaulle), dont les premières avaient été construites dans les années 1950-1960, et qui ne cessèrent de se multiplier dans les deux décennies qui ont suivi, jusqu'à produire plus des trois quarts de notre énergie électrique.

Les Français s'en satisfaisaient plus qu'ils ne s'en inquiétaient (76% d'opinions favorables au nucléaire en 1974), avant que la montée du courant écologiste et surtout les catastrophes de Tchernobyl (1986) puis Fukushima (2011) ne tendent à inverser les proportions.

Revirement

On sait ce qu'il en advint: engagement de réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique de notre pays, fermeture de Fessenheim, développement (assurément nécessaire) des énergies renouvelables, insuffisance des investissements et des travaux de maintenance (12 réacteurs aujourd'hui à l'arrêt), revirement de Macron, qui annonce un ambitieux programme nucléaire… On craignit, cet automne, des coupures d'électricité (les Français faisaient des stocks de bougies!), avant qu'un hiver exceptionnellement doux ne vienne provisoirement nous rassurer.

La perplexité n'en demeure pas moins: comment le nucléaire, qui fut longtemps l'une de nos fiertés nationales et un outil majeur de notre indépendance énergétique, donc de notre souveraineté, est-il devenu cette espèce de boulet ou de tabou, dont certains rêvent de se débarrasser (chez les écologistes ou à La France insoumise), sans trop savoir comment y parvenir, et dont même les partisans (au PCF, à Renaissance ou chez Les Républicains) ne parlent qu'avec réticence ou embarras? La faute aux politiques?

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