"On ne peut plus jouer avec la sécurité des enfants": un collectif dénonce le "marché" des crèches privées
Un livre choc et une situation plus que préoccupante. Ce vendredi 8 septembre va être publié l'ouvrage Le Prix du berceau, ce que la privatisation des crèches fait aux enfants, qui lève le voile un système "déshumanisé" de certaines crèches privées, comparées à des "usines" à bébés, dont le fonctionnement est basé sur la course au rendement et au remplissage, au détriment parfois du bien-être des enfants.
Invitée ce mercredi matin sur l'antenne de BFMTV, Julie Marty-Pichon, responsable du collectif Pas de bébé à la consigne, indique que "la libéralisation du secteur" a été un pont de bascule dans le fonctionnement de l'accueil de la petite enfance.
"Le principal problème c'est le système dans lequel on est en France. C'est devenu un marché, on répond à des appels d'offres pour pouvoir gérer des structures petite enfance. Le privé lucratif a pu entrer dans la danse et du coup répondre aux appels d'offres et faire en sorte d'avoir une compétition, une concurrence", décrit-elle.
Manque de moyens et de personnel
Pour autant, selon Julie Marty-Pichon , la privatisation du secteur est à conjuguer avec d'autres problèmes afin de comprendre la situation dénoncée dans le livre, "qui n'a pas été anticipée." "On a un problème de moyens et de manque de personnel" qui a pour conséquence "un système de maltraitance institutionnelle, alerte-t-elle.
"On a eu beaucoup de départs à la retraite, on n'a pas fait de plan métier, on n'a pas ouvert les centres de formation, on n'a pas revalorisé la filière pour faire de l'attractivité, que les jeunes puissent s'investir. On a des équipes épuisées avec beaucoup de turn-over, un manque de professionnels", décrit-elle encore.
De plus, toujours selon Julie Marty-Pichon, les règles et normes mises en place sont loin d'être suffisantes. "C'est le code de la santé publique qui régit tout ça, mais on va dire que c'est la base plancher, qui assure un minimum de sécurité mais qui 'est pas une base de qualité
"Ça fait des années qu'on explique aux gouvernements qu'il faut plus de sécurité, plus de professionnels, plus de qualification de formation, et qu'on ne nous écoute pas. On ne peut plus jouer avec la sécurité des enfants."
"Il faut fermer"
Dernier écueil pointé par la professionnelle, les contrôles des structures privées, qui ne donnent que très peu lieu à des fermetures en cas de dysfonctionnements avérés. "On ne veut pas fermer les structures parce qu'on a un manque cruel de place pas anticipé. Les gestionnaires ne veulent pas perdre leur manne, c’est des emplois, on ouvre coûte que coûte", dit-elle.
"Si on n'a pas les qualifications il faut fermer", ajoute-t-elle, pointant des contrôles "pas assez nombreux."
Vingt ans après l'ouverture du secteur au privé, les crèches privées proposent 80.000 places, soit quelque 20% des places disponibles et réalisent un chiffre d'affaires compris entre 1,1 et 1,4 milliard d'euros, selon un rapport de Matignon publié en 2021.