Michel Barnier Premier ministre : un anti-inflammatoire à Matignon
EDITORIAL - Michel Barnier, nommé Premier ministre ce jeudi 5 septembre est un négociateur, un modérateur. Avec sa voix douce, son propos d’apparence élevé… Il apparaît comme un calmant. Mais pourra-t-il s’imposer face à Emmanuel Macron ? Pourra-t-il faire face aux innombrables défis qui l’attendent ?
Enfin ! En décidant de nommer Michel Barnier à l’hôtel de Matignon, le Président de la République sort de « l’impasse », du piège qu’il avait lui-même armé, avec sa dissolution inconséquente. Du moins momentanément. Et dans quel état ? Emmanuel Macron a été encore plus abîmé après ces longs jours de tergiversation, où il est apparu sans ligne claire, lui qui, précisément, prétendait clarifier. Sans imagination, lui qui se targuait de l’avoir mise au pouvoir. Sans inspiration optimiste transcendantale, lui qui l’avait censément propulsée au pouvoir.
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L’accouchement a été difficile. Laborieux. « L’enfant » ne se présente pas au mieux. Même si ça aurait pu être pire ! Michel Barnier a de l’expérience, et même des titres de gloire à faire valoir. Cet ex-gaulliste a été plusieurs fois ministre, notamment de l’Environnement, ce qui aujourd’hui vaut argument, mais aussi des Affaires européennes, avant de s’imposer comme « le négociateur du Brexit ».
Le soulagement ne sera que passager
Elu de Savoie, il fut aussi, avec le champion-star Jean-Claude Killy, l’inspirateur des jeux Olympiques d’hivers à Albertville en 1992. Les chiraquiens, qui ne l’aimaient guère, l’avaient méchamment surnommé « le crétin des Alpes » et Jacques Chirac moins abrupt, mais tout aussi moqueur, « le moniteur de ski ».
Il est vrai que ce Savoyard n’était pas un tranche-montagne, mais plutôt un modérateur, un négociateur, qui s’imposait aux sommets en avançant d’un pas régulier et contournant les obstacles. Un slalomeur. Lorsqu’il s’est présenté en 2021 aux primaires de la droite, il termina troisième, derrière Valérie Pécresse et Eric Ciotti, sans faire d’éclats. On disait alors de lui qu’il n’avait pas son pareil pour endormir son auditoire mais que, tenace, il arrivait le plus souvent à ses fins…
Au fond, là est sans doute son principal avantage : Michel Barnier, voix douce, propos d’apparence élevé, apparaît[...]
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