Marseille 1973: un été meurtrier sous le signe du racisme ordinaire
Au cours de l’année 1973, au moins seize ressortissants algériens sont assassinés à Marseille, dont une moitié entre fin août et début septembre, presque toujours en parfaite impunité. À l’échelle de la France, ces crimes s’élèvent à une cinquantaine et touchent aussi bien la région toulousaine que le Nord. Comment expliquer cette terrible explosion de violence raciste ?
Le samedi 25 août 1973, un chauffeur de bus de la ligne 72 à Marseille, Émile Gerlache, 49 ans, père de quatre enfants, est égorgé par un passager de nationalité algérienne, lequel blesse cinq autres voyageurs avant d’être maîtrisé par un passant. L’agresseur ayant lui-même été la victime d’un coup de hache par le passé, lequel lui a valu une trépanation, il est vite reconnu comme non responsable de ses actes.
L’extrême droite voit pourtant aussitôt dans ce fait divers un événement à exploiter. Deux mois et demi plus tôt, à Grasse, dans les Alpes-Maritimes, une manifestation de travailleurs tunisiens a été dispersée à la lance à incendie par les pompiers sur ordre du maire, avant de donner lieu à une véritable chasse à l’homme. Y ont pris part, en soutien des forces de l’ordre, des artisans et commerçants du cru. Le bilan a été de cinq blessés, dont un grave.
Sept assassinats en dix jours à Marseille
L'extrême droite attise et exploite la colère populaire
L'unique condamné meurt en prison
Un déni politique largement partagé