Macron dans le piège du 49-3
EDITORIAL - Semaine de tous les dangers pour l'Exécutif. Enfermé dans une alliance avec LR sur le projet de loi retraite, Borne et Macron ont durci le texte sans pour autant s'assurer pouvoir faire le plein des voix à droite. Et voilà que dans leur propre camp rien n'est acquis non plus au point de devoir, une nouvelle fois, avoir potentiellement recours au 49-3.
Bruno Retailleau, le président des sénateurs LR, a parfois de l’humour. Selon lui, la première ministre Elisabeth Borne dispose d’une alternative pour "faire passer" la désormais maudite réforme des retraites: utiliser la "grosse Bertha" en infligeant aux députés l’article 49-3. Ou jouer à la "roulette russe" en proposant aux dits députés de voter sa proposition de loi. Dans un cas, un incontestable déni de démocratie même si le 43-3 est un dispositif légal, maintes fois utilisé en Vème République, en particulier quand Michel Rocard- homme de dialogue s’il en était- occupait l’hôtel de Matignon; dans l’autre hypothèse, celle de la "roulette russe", la cheffe du gouvernement jouera sa peau, à quelques députés LR près.
C’est tout le paradoxe politique de cette affaire des retraites: jamais, de la présidence de Gaulle à celle de Macron, depuis 1958 jusqu’aujourd’hui, la droite républicaine n’a été aussi faible, aussi peu influente, à ce point marginale et marginalisée. Un chiffre exprime cette décrépitude: dans l’actuelle mandature, elle ne dispose que d’une soixantaine d’élus au palais Bourbon, moins beaucoup moins que "l’ennemi" lepéniste. Une misère! L’ex force d’alternance, donc de gouvernement, reléguée en deuxième division de la politique, le parti de Pompidou, de Chirac, de Sarkozy réduit en poussière. Qui, parmi les Français, connaît Éric Ciotti, le nouveau président de LR ? Fort peu, quelques militants, une poignée de sympathisants et des électeurs en Alpes-Maritimes… Que dit Laurent Wauquiez, le candidat soi-disant "naturel" de cette droite en voie de perdition? Rien, et surtout pas à propos de la retraite. Courage, fuyons…
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Mais par quel paradoxe, par quelle erreur d’aiguillage, par quelles fautes stratégiques, le trio Macron-Borne-Dussopt (le ministre du travail en charge du dossier "Retraite") a-t-il trouvé moyen de remettre entre les mains des députés LR une grande p[...]
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