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Macron met la pression sur Ghosn pour une fusion Renault-Nissan

Emmanuel Macron met actuellement la pression sur le PDG de Renault Carlos Ghosn pour qu'il concrétise une fusion complète avec son partenaire Nissan mais selon des termes fixés par le gouvernement, selon des sources au fait du dossier. /Photo prise le 27 octobre 2015/REUTERS/Philippe Wojazer

par Laurence Frost et Gilles Guillaume

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron fait pression sur le PDG de Renault, Carlos Ghosn, pour qu'il concrétise une fusion complète avec son partenaire Nissan mais selon des termes fixés par le gouvernement, apprend-on de sources au fait du dossier.

Cette ambition du ministre de l'Economie éclaire sous un jour nouveau le bras de fer qui a éclaté publiquement en avril quand l'Etat français, principal actionnaire de Renault, est monté au capital du groupe pour s'assurer les droits de vote doubles prévus par la loi Florange.

Elle marque aussi un changement de position du gouvernement, plutôt réservé par le passé sur un tel approfondissement de l'alliance entre les deux constructeurs automobiles, de peur que le pouvoir de l'Etat sur l'évolution future de la nouvelle entité s'en trouve dilué.

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Emmanuel Macron exhorte ainsi depuis plusieurs mois Carlos Ghosn à mettre sur pied un groupe de travail conjoint avec les représentants du gouvernement pour étudier les scénarios de fusion permettant de sauvegarder usines et emplois en France, ont dit à Reuters plusieurs sources gouvernementales et proches de l'alliance Renault-Nissan.

Selon elles, Carlos Ghosn a ignoré ces demandes et pourrait se trouver contraint, en lieu et place, de "réactiver" ses propres options en matière de consolidation. Parmi elles, pourrait figurer le scénario d'une fusion complète avec une moindre influence de l'Etat français, déjà échafaudé en 2013 avec l'assistance de la banque Goldman Sachs puis mis de côté.

"NE JAMAIS SOUS-ESTIMER GHOSN"

"Voilà qui le contraint à aller plus vite que ce qu'il prévoyait", dit une source proche de l'alliance. "Je pense qu'il ne faut jamais sous-estimer Ghosn."

Des porte-parole de Renault-Nissan et du gouvernement français ont refusé de faire un commentaire sur les scénarios étudiés et les discussions entre le PDG de Renault-Nissan et le ministre de l'Economie. Un porte-parole de Goldman Sachs n'avait pas de commentaire dans l'immédiat.

L'action Renault a fait un bond à la Bourse de Paris à la diffusion de l'information de Reuters, pour toucher un plus haut de séance à 95,19 euros. Elle gagnait encore plus de 1% à 91,18 euros à une demi-heure de la clôture du marché, surperformant largement les valeurs automobiles européennes (-1,96%).

Ce bras de fer a exposé des visions concurrentes de l'avenir de Renault-Nissan, alliance fondée en 1999 sur la base de participations croisées. Renault détient 43,4% de Nissan, tandis que le groupe japonais détient 15% de son partenaire français, mais aucun droit de vote.

Nissan a répondu à Emmanuel Macron en proposant de mettre fin au contrôle de l'Etat sur Renault avec des participations croisées plus équilibrées, entre 25% et 35% chacune. Des sources ont dit à Reuters que Carlos Ghosn avait le soutien du conseil d'administration pour réduire la participation du groupe français dans son partenaire japonais.

Renault a convoqué pour vendredi un conseil d'administration extraordinaire, alimentant les spéculations voulant que les deux constructeurs puissent commencer à ajuster leurs participations d'ici quelques jours ou semaines.

"Cela fait un moment maintenant qu'Emmanuel Macron propose cela à Carlos Ghosn", dit-on de source proche du gouvernement, ajoutant que le ministre est déterminé à ce qu'une opération voie le jour avant 2017, année électorale importante en France avec la prochaine présidentielle.

DEUX VISIONS DE LA FUSION

Emmanuel Macron a commencé au même moment à demander à Carlos Ghosn de discuter d'une fusion qui "préserve les intérêts stratégiques français", notamment les emplois industriels, avec une nouvelle entité idéalement basée en France, ajoute cette source. "Mais le groupe n'a jamais vu le jour."

Le gouvernement a également fixé comme condition que l'Etat français demeure le principal actionnaire du nouveau groupe.

Mais les projets de fusion Renault-Nissan étudiés auparavant par Carlos Ghosn paraissent bien différents. Un groupe de travail a réfléchi à une nouvelle combinaison basée dans un pays tiers et cotée à la fois à Paris et Tokyo, selon des sources, et fait appel en cours de route à la banque Goldman Sachs pour le conseiller sur certains aspects.

Depuis que le sujet est revenu sur le devant de la scène, les banques d'investissement ont ressorti des tiroirs les scénarios sur lesquels elles ont travaillé. Les changements envisagés dans le niveau des participations pourraient ouvrir la voie à une fusion totale dans des termes acceptables par les deux parties.

"Ce n'est pas du tout pour influer ou avoir un droit de vote au board de Renault", déclare un haut responsable de l'alliance. "C'est plus par rapport à des évolutions futures, pour mieux équilibrer les positions de chacun si quelque chose de prépare."

(Avec Alexander Huebner à Francfort, Freya Berry à Londres et Norihiko Shirouzu à Pékin, édité par Dominique Rodriguez)