Macron, la difficile ambition du chef de guerre politique en Afrique
TRIBUNE. La nouvelle bataille d'Afrique (2/8). Coauteur du livre Le Piège africain de Macron, publié le 15 février prochain, le journaliste Antoine Glaser signe dans les colonnes de Challenges. Pour lui, Emmanuel Macron, qui ambitionne de mener une guerre politique sur le continent subit aujourd'hui la double peine de son interventionnisme en Afrique: perte de son influence économique et sentiment anti-français.
C'est en chef de guerre contre les djihadistes qu'Emmanuel Macron avait atterri dans le Sahel en 2017. C'est en chef de guerre politique contre la Russie que le président français a engagé son deuxième mandat sur le continent africain. Entre-temps, l'armée française s'est repliée au Niger, abandonnant le Mali aux miliciens russes de Wagner, après la Centrafrique en 2016. Jusque-là, l'armée française servait de cache-misère à une présence tricolore en déshérence sur ce continent.
Fringant et quasi insouciant en novembre 2017, à Ouagadougou, devant les étudiants burkinabés, pour sa première déclaration à l'égard de l'Afrique, Emmanuel Macron s'est tanné le cuir au cours d'un mandat de "Realpolitik africaine" qui ne l'a pas épargné: impasse militaire au Sahel, coups d'Etat au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, succession dynastique au Tchad et, aujourd'hui, guerre informationnelle contre la Russie. C'est bien l'ours russe qui a réveillé le coq gaulois dans son pré carré.
Afrique-Monde
Emmanuel Macron avait largement boudé les anciennes colonies françaises au cours de son premier mandat, préférant réorienter les intérêts français vers les pays anglophones et lusophones. "Macron II" a, lui, débarqué en juillet dernier au Cameroun en imprécateur des interventions de Moscou sur ce continent. D'autant que Yaoundé, "partenaire stratégique de la France en Afrique centrale", dixit le président, avait renouvelé un accord de défense avec la Russie au mois d'avril 2022.
Une scène, parmi d'autres, du basculement d'une Françafrique devenue Afrique-Monde avec un président français venu supplier le deuxième plus vieil autocrate du continent de rester dans l'orbite de l'ex-puissance coloniale. Du temps de la guerre froide, les alliés occidentaux de la France lui laissaient gérer ses anciennes colonies et ses prébendes, pétrole ou uranium.
"Trente glorieuses"
Et les présidents civils cooptés étaient d'autant plus francophiles qu'ils avaient été ministres dans des gouvernements françai[...]
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