Lutte contre l'inflation: une priorité des banques centrales qui a un coût
Face à la persistance de la hausse des prix, la Banque centrale européenne et la réserve fédérale américaine ont à nouveau relevé leurs taux d'intérêt cette semaine. Mais alors que la hausse des taux a déjà fait de gros dégâts, l'arbitrage entre croissance et inflation s'avère de plus en plus délicat.
Contre une inflation qui s’entête, les grandes banques centrales ne déposent pas les armes. Mercredi 3 mai, la réserve fédérale américaine (Fed) a relevé ses taux pour la dixième fois d’affilée depuis le début du conflit ukrainien. A 5,25%, les taux américains ont retrouvé un niveau qu’ils n’avaient plus connu depuis la faillite de la banque Lehman Brothers en 2008. Jeudi 4 mai, la Banque centrale européenne (BCE) l’a imitée en donnant un nouveau tour de vis à sa politique monétaire, portant son taux directeur à 3, 25%, alors qu’il était négatif au printemps 2022. Depuis la création de l’euro, cette hausse de 375 points de base est "de loin, le cycle de resserrement monétaire le plus agressif " jamais mené par la BCE, souligne Carsten Brzeski, directeur des analyses macroéconomiques chez ING.
Ces derniers mois marquent une rupture historique : après quinze ans de politique monétaire ultra-accommodante, l’argent coûte cher, de nouveau. Dans le même temps, les banques centrales ont fermé les robinets, après une décennie d’injections massives de liquidités. "Pour beaucoup d’acteurs du marché, c’est l’épisode de resserrement monétaire le plus extrême qu’ils aient connu. Ils n’avaient même pas de référence comparable", souligne Philippe Dauba-Pantanacce, directeur de l’économie géopolitique à la banque Standard Chartered.
La Fed a réagi vite et fort, la BCE plus prudemment
Les institutions américaines et européennes jouent, en gros, la même partition, mais elles n’ont pas suivi la même cadence. La Fed a démarré plus tôt, dès mars 2022, son cycle de resserrement monétaire, et l'a mené plus vigoureusement. La BCE n’a démarré qu’en juillet 2022, et de façon plus progressive. Résultat : la Fed a indiqué qu’elle comptait marquer une pause – sans exclure toutefois un nouveau tour de vis - tandis que la BCE n’en a pas terminé. "Nous avons couvert beaucoup de terrain au cours des neuf derniers mois et nous continuons. C'est un voyage. Nous ne sommes pas encore arrivés", a souli[...]
Lire la suite sur challenges.fr