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Les Hacker House, marchands de sommeil des temps modernes ?

Photo d’illustration
Photo d’illustration

Les Hacker House se veulent des colocations réunissant des start-uppers qui se lancent dans le métier. Mais la réalité est bien différente.

L’esprit start-up, de la “chambre” jusqu’aux toilettes, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. C’est le concept des Hacker House. L’idée ? Réunir, sous un même toit, des “start-uppers”, ces jeunes entrepreneurs qui tentent de lancer leur propre entreprise. Une sorte de grande colocation réservée à ceux qui veulent développer leurs idées.

Le concept est né il y a plusieurs mois. La majorité des Hacker House se situe en proche banlieue parisienne, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) ou encore Bagneux (Hauts-de-Seine), dans de vastes maisons ou appartements où cohabitent souvent une dizaine d’entrepreneurs. Derrière le terme “Hacker House” on trouve une société éponyme qui dispose d’un site Internet. Elle met en relation les propriétaires et les entrepreneurs intéressés par l’idée d’intégrer des “Hacker House”.

“J’ai eu l’idée en regardant une série”

Le fondateur du site, c’est Stéphane Bounmy. En mai 2016, il décide d’appliquer son idée à l’appartement qu’il vient d’acheter, à Aubervillliers. “J’ai eu cette idée en regardant une série américaine, Silicon Valley où 6 développeurs vivent dorment et créent leur start-up dans une maison en Californie”, explique-t-il.

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Sur le site qu’il a fondé, plusieurs “Hacker House” sont proposées à la visite. Essayons celle d’Ivry-sur-Seine par exemple, située à une dizaine de minutes de la porte d’Italie, dans la banlieue sud de Paris.

820 euros par mois pour partager sa chambre

Un coup d’œil aux conditions de vie tout d’abord. La fiche de l’appartement indique un duplex de 140 m², avec 5 chambres et 10 lits. Les chambres sont donc partagées, et les lits plutôt sommaires.

L’espace repos
L’espace repos

Voila un premier aperçu de l’esprit start-up proposé. Un esprit qui a un coût : 820 euros par mois, dont 180 euros uniquement pour “un accès à l’espace nuit avec un lit privatif, rangements et aux douches”. À titre de comparaison, dans le quartier, des deux pièces de 40 à 45 m² se louent pour environ 900 euros. Avec chambre privative…

“Le lieu est entièrement meublé”, justifie Stéphane Bounmy. “Le propriétaire prend à sa charge l’aménagement du lieu, avec des écrans d’ordinateur, l’aménagement de l’espace etc… Tout cela a un coût.”

Dans un local commercial

Cette Hacker House est installée dans un local commercial. Une pratique parfaitement légale, nous assure Thibault Caillet, avocat spécialisé dans le droit immobilier. “À condition de respecter certaines procédures administratives, un local commercial peut également servir de logement”. Des démarches précises à respecter, notamment vis-à-vis de l’administration fiscale, détaillées sur le site service-public.fr.

Si certains doutent de la légalité de ce type de location, Stéphane Bounmy se défend : “C’est au propriétaire de faire les démarches administratives nécessaires. Hacker House Paris n’est que l’intermédiaire entre propriétaire et entrepreneurs. À Ivry, ce sont des bureaux. C’est du co-working 24 heures sur 24. Mais les bureaux ont des espaces de repos. C’est juridiquement valable”.

Pas d’APL ni d’attestation d’hébergement

Des prix prohibitifs pour vivre dans des conditions relativement spartiates. D’autant que sur le site, est indiqué qu'”il est impossible de fournir une attestation d’hébergement car les Hacker House sont des locaux commerciaux à usage bureau principalement.” Les locataires ne peuvent également pas prétendre aux APL. Le système est également d’une grande précarité : ils peuvent être mis à la porte du jour au lendemain, étant donné qu’il n’y a pas de contrat de bail avec le propriétaire.

Quant à la question pratique de recevoir du courier, Hacker House fournit une réponse à l’esprit très “start-up” sur son site.

Capture écran / Hacker House
Capture écran / Hacker House

Votre nom ne figure donc pas sur la boîte aux lettres comme dans une colocation classique. Autre élément douteux, la durée maximum pour rester dans une Hacker House est de 9 mois. Ce qui n’est jamais le cas lors d’une location classique. Mieux vaut également ne pas payer le loyer en retard : au-delà de 72 heures, il est majoré de 20%.

Pour résumer le concept, Hacker House propose des locaux commerciaux dans lesquels s’entassent une dizaine de jeunes, pour plus de 800 euros par mois par tête. Cerise sur le gâteau, parmi vos “colocataires/startuppers”, “un membre Hacker House (…) vivra sur place et sera disponible 7/7”.

“S’entourer de ceux qui enfreignent les règles pour réussir”

“S’entourer de ceux qui enfreignent les règles pour réussir”, l’état d’esprit prôné par le site a justement de quoi faire réfléchir. À la question “Ai-je une chambre privée ?”, la réponse fournie par le site est “Non. Le but d’une Hacker House est de réussir sa startup avec des personnes qui sont dans la même galère que toi. De 2 à 9 mois : sors de ta zone de confort pour réussir. La Croissance et le Confort ne peuvent co-exister !”. Un esprit “Koh-Lanta” à plus de 800 euros par mois, prix pour “sortir de sa zone de confort”.

La start-up nation

En revanche, les propriétaires n’ont pas à sortir de leur zone de confort, s’ils souhaitent louer leur logement. Le site vante fièrement, à l’adresse des propriétaires, le message suivant : “4 pièces, 80m² à Paris vous pourriez gagner 6 736€ par mois”. Pour information, même si les prix des logements sont élevés en région parisienne, ils restent largement inférieurs à ce montant.

Sur Twitter, de nombreux internautes se montrent critiques.

D’autres dénoncent la dérive des Hacker House, qui initialement fonctionnaient différemment. Seed-up par exemple ne fait pas payer de loyer et verse un salaire de 2 500 euros. Mais en contrepartie, exige 40% du temps de travail à consacrer à des missions de consulting réalisées par la société Seed-Up. Ce reportage de M6, diffusé en mars dernier, montre une autre vision des Hacker House.


Une colocation hors de prix, sans aucune intimité, avec des “locataires” qui peuvent être mis à la porte du jour au lendemain, sans possibilité d’avoir des APL ou une attestation d’hébergement. À n’en pas douter, la France a tout pour devenir la start-up nation.