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Le rôle du Royaume-Uni au sein d'Airbus menacé par le Brexit

par Tim Hepher

PARIS (Reuters) - Si Airbus a appelé vendredi la Grande-Bretagne à préserver sa compétitivité industrielle après le vote favorable à la sortie de l'Union européenne, des spécialistes du secteur aéronautique soulignent que Londres ne peut plus considéré comme acquise sa place au sein du groupe aéronautique.

"J'espère que le divorce se fera en veillant à minimiser les dommages économiques pour tous ceux affectés par le Brexit", a déclaré vendredi Tom Enders, le président exécutif d'Airbus Group. "La Grande-Bretagne va souffrir mais je suis sûr qu'elle veillera d'autant plus à la compétitivité de son économie vis-à-vis de l'UE et du monde dans son ensemble."

Airbus, fondé en 1970, possède des usines en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne et en Espagne; les sites anglais, qui emploient 15.000 personnes, produisent les ailes des avions de ligne du groupe.

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Les grandes décisions d'investissement dans le secteur aéronautique ayant des retombées étalées sur une dizaine d'années, Airbus a déclaré que ses activités au Royaume-Uni ne seraient pas affectées dans l'immédiat par l'issue du référendum mais il a ajouté qu'il pourrait réévaluer sa présence dans le pays à plus long terme.

Tom Enders, qui s'était exprimé publiquement ces derniers mois en faveur du maintien dans l'UE, a déclaré que, "bien sûr, nous réexaminerons notre stratégie d'investissement au Royaume-Uni, (comme) tout le monde le fera".

En fait, ce discours reflète une évolution déjà engagée au sein du numéro un européen du secteur aéronautique en faveur d'une culture liée davantage aux réalités de ses marchés qu'à l'équilibre de la répartition entre pays, un changement lié à la refonte de la structure de son capital en 2013.

S'il n'y a pas de lien direct entre le fonctionnement d'Airbus et celui de l'Union européenne, certains analystes estiment qu'une sortie de la Grande-Bretagne de cette dernière ne ferait qu'intensifier la concurrence déjà réelle avec des pays tels que l'Inde, la Chine, le Mexique ou le Canada.

Au sein même d'Airbus, l'Allemagne et l'Espagne lorgnent depuis longtemps déjà la production d'ailes.

"LA GRANDE-BRETAGNE A TOUJOURS DÛ SE BATTRE"

"La Grande-Bretagne a toujours dû se battre pour garder de l'avance sur ses concurrents et faire en sorte d'être 1.000% plus efficace, et elle y est plutôt bien parvenue pour ce qui concerne les ailes", dit Howard Wheeldon, un spécialiste du secteur.

"La situation ne va pas changer dans l'immédiat mais il est inévitable qu'elle évolue à plus long terme, lorsqu'il y aura de la concurrence pour attirer les investissements liés à la prochaine génération d'ailes."

Airbus ne devrait pas lancer avant la prochaine décennie un programme d'avion entièrement nouveau mais le groupe modifie régulièrement ses modèles existants et ses négociations commerciales incluent souvent des accords de production dans les pays acheteurs.

"Les accord avec des pays comme l'Inde et la Chine portent de plus en plus sur les transferts de technologie et la Grande-Bretagne sera désormais davantage exposée en ce qui concerne les transferts de production", estime une source.

Déjà, la part de la fabrication de l'A350 réalisée au Royaume-Uni est inférieure de plusieurs points de pourcentage à celle de 20% prévue initialement.

Certains observateurs du secteur s'attendent à voir Airbus évoluer vers une structure à deux étages prenant en compte l'évolution des liens politiques entre la Grande-Bretagne et le noyau franco-allemand du groupe, ce qui exposerait davantage l'industrie britannique. Mais des responsables du groupe assurent que les projets d'"intégration" fonctionnent.

D'autres redoutent de voir le Brexit ouvrir en Europe une phase d'instabilité qui ne manquerait pas d'avoir des répercussions sur le secteur aéronautique en raison de son importance stratégique.

"Je pense que la Grande-Bretagne finira par s'en sortir, comme toujours, mais je suis inquiet sur l'impact que cela peut avoir en Europe, (...) qui pourrait nuire à la culture de coopération", dit ainsi Robin Southwell, ancien directeur général d'Airbus au Royaume-Uni.

(Marc Angrand pour le service français)