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Le bond du franc menace l'économie et les entreprises suisses

par Silke Koltrowitz et Alistair Smout

ZURICH/LONDRES (Reuters) - Chute des exportations, effondrement des recettes du tourisme, désintérêt des investisseurs étrangers: les entreprises suisses craignent des temps difficiles après la décision de la banque centrale helvétique d'abandonner le cours plancher du franc face à l'euro, qui a provoqué un bond de près de 30% de la monnaie nationale.

Pour les analystes, les entreprises du secteur de l'horlogerie, comme Swatch, et de celui du luxe, tel Richemont, propriétaire de Cartier et Montblanc, devraient figurer parmi les principales victimes de cette nouvelle donne car elles réalisent la majeure partie de leurs ventes à l'étranger alors que leur base de coûts reste en Suisse.

D'autres, comme le géant de l'alimentation Nestlé, le groupe de construction mécanique ABB et les laboratoires pharmaceutiques Novartis et Roche, semblent moins exposées car une part importante de leurs activités est délocalisée dans le monde entier, ajoutent-ils.

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Mais toutes seront touchées à des degrés divers par ce qu'un responsable de Kepler Cheuvreux décrit comme "une journée terrible pour l'entreprise suisse".

"On peut s'attendre à une vague d'avertissements sur résultats de la part des sociétés suisses", dit de son côté Pascal Bernachon, de KBL Richelieu à Paris.

La Banque nationale suisse (BNS) a annoncé à la surprise générale qu'elle ne défendrait plus le cours plancher de 1,20 franc pour un euro en vigueur depuis septembre 2011.

Sa décision a provoqué une envolée du franc et une chute du marché actions helvétiques, qui a amputé la capitalisation globale de celui-ci d'environ 85 milliards d'euros. L'indice phare SMI a fini la journée en baisse de près de 8,67%.

Roche a perdu 8,62%, le cimentier Holcim 11%, Swatch 16,35% et Richemont 15,5%.

FABRIQUER EN SUISSE, UN ATOUT ENCORE PLUS COÛTEUX

Les exportations représentent environ un tiers du produit intérieur brut (PIB) de la confédération, emmenées par la chimie et la pharmacie, les instruments de précision, l'horlogerie et la joaillerie, les machines-outils, l'électroménager et l'électronique.

L'Union européenne est le premier partenaire commercial du pays, les Etats-Unis le deuxième.

"Swatch, Richemont et d'autres acteurs du luxe vont avoir des difficultés", dit Neil Wilkinson, gérant Europe de Royal London Asset Management.

"Pour compenser ce risque, il faut transférer la structure de coûts dans une autre zone géographique. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire: pour Swatch, le fait de vendre une montre suisse est le seul argument de vente et la plupart des gens veulent que leur montre suisse soit fabriquée en Suisse."

Citigroup estime que l'impact sur les résultats de Richemont devrait se situer entre 5% et 10% sur 2015 et 2016 mais ses analystes ajoutent qu'il pourrait être en partie compensé par une baisse des coûts liés aux achats d'or et d'autres dépenses.

La hausse du franc pourrait amputer les profits de Swatch de 8% à 10%, poursuit la banque américaine en notant que le groupe n'a aucune couverture de change.

"Les mots me manquent !", a dit Nick Hayek, le PDG de Swatch, jugeant que la décision de la BNS était un "tsunami" pour l'ensemble du pays.

L'Union des syndicats suisses parle quant à elle de "danger énorme pour les salaires et l'emploi", évoquant un risque de déflation.

Quant à Guy Paulin, cofondateur de la société de courtage Aviate Global, il dit s'attendre à des répercussions pour des entreprises étrangères, comme la compagnie aérienne Ryanair.

"Mauvaise nouvelle pour ceux qui viennent skier en Suisse: ça vient de devenir 20% plus cher", résume-t-il.

Le tourisme contribue au PIB à hauteur de 3% et représente environ 5% des emplois, principalement dans de petites et moyennes entreprises.

Au-delà, explique Nick Nelson, responsable de la stratégie actions d'UBS, l'envolée du franc rend le marché suisse, déjà cher, encore moins intéressant pour les investisseurs étrangers.

En ajustant la pondération sectorielle du marché helvétique pour l'aligner sur celle de l'indice mondial MSCI, ajoute-t-il, la Suisse "est encore l'un des pays les plus chers d'Europe à un peu plus de 14 fois les bénéfices attendus, contre par exemple 11 fois pour l'Allemagne".

(avec Caroline Copley à Zurich, Ben Hirschler, Sudip Kar-Gupta, Martinne Geller et Lionel Laurent à Londres, Blaise Robinson à Paris, Ludwig Burger et Victoria Bryan à Francfort, Emma Thomasson à Berlin; Marc Angrand pour le service français)