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Laurent Wauquiez, la stratégie de la carpe

EDITORIAL. Comment le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes peut s'imposer demain si ces jours-ci, il n'a rien à dire aux Français sur les retraites, la guerre, l'écologie, le partage des richesses, l'Europe et sur lui, relève notre éditorialiste. Pour lui, Laurent Wauquiez fait fausse route.

Président d'Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez est sans rival à cet exercice qui consiste à se taire le plus longtemps possible. En principe, cette épreuve de mutisme est réservée aux enfants. Mais notre homme prétend jouer dans la catégorie des très grands, puisqu'il voit les éditorialistes pour leur confier sa volonté d'être candidat à l'élection suprême.

D'où cette stratégie de la carpe sur l'actualité. Au théâtre politique on jugerait un acteur au silence, cette éloquence du sage qui sait renoncer aux paroles futiles et inappropriées. Puisqu'il ne dit pas un mot, pour ne pas galvauder sa parole, c'est qu'il pense. La preuve: il ne dit rien sur rien. Nada. C'est un silence muet.

Soyons justes. Lors de ses vœux régionaux, Wauquiez a fait savoir: "La réforme des retraites n'est pas celle que j'aurais faite, mais je la voterais si j'étais député." Propos sans suite; ses parlementaires, ses affidés régionaux cabotent entre l'abstention et l'opposition. Lui-même est obstinément resté coi… quoique plusieurs fois sollicité par Eric Ciotti, nouveau patron de LR, qui s'est pourtant engagé à lui avancer la chaise à porteur pour l'Elysée. D'où l'exaspération d'une direction partisane sans direction, tiraillée entre des positions diverses, alors que son futur présumé champion n'en affirme aucune. M. le président de région se prépare pour plus tard.

Échappatoire

Comment un parti bonapartiste pourrait-il faire du refus d'obstacle de son vrai chef une stratégie? Certes, Bonaparte n'a jamais pris pour de vrai le pont d'Arcole, mais il avait relevé le drapeau. Nicolas Sarkozy a d'ailleurs reproché sa pleutre attitude à l'embusqué d'Auvergne. On ne saurait s'imposer à cette famille sans prendre de risque. Or Wauquiez s'est défilé devant l'élection européenne, puis devant la primaire présidentielle, avant d'esquiver la compétition pour la présidence du parti…

De la constance dans l'échappatoire. Il est cependant présomptueux d'imaginer que ses rivaux pendant ce temps se disqual[...]

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