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La dette américaine : un feuilleton sans fin ?

Les Américains excellent dans les séries à rebondissement... et pas seulement à la télévision ! Le "shutdown", c'est-à-dire la fermeture brutale et pour une durée indéterminée de plusieurs administrations fédérales, en cours depuis le 1er octobre, n'est en somme que la troisième saison d'un feuilleton à succès, celui de la dette américaine.

statue de la liberté

Les Etats-Unis sont certes le pays le plus riche de la planète, mais aussi le plus endetté. Or, il appartient au Congrès, le parlement américain, de fixer le plafond de cette dette, qui est actuellement de 16.700 milliards de dollars. Le relèvement dudit plafond est presque devenu une mesure de routine aux Etats-Unis, puisqu'une telle décision a été prise plus de 100 fois depuis le "Second liberty bond act", loi de 1917 destinée à encadrer l'effort de guerre américain et qui a donné ce pouvoir budgétaire au Congrès.


Une crispation politique depuis la crise

Le problème, c'est que la crise de 2008 est passée par là. D'un côté, elle a très fortement accéléré le rythme de progression de la dette publique, aux Etats-Unis comme dans de nombreux pays développés, tous contraints à des mesures coûteuses pour soutenir leurs économies chancelantes. De l'autre, elle a favorisé la montée des partis politiques extrémistes, dont le Tea party américain (littéralement "parti du thé"), ultra-conservateur. En fait, ce nom se réfère à une révolte des colons de Boston de 1773 (la "Boston tea party") contre le pouvoir central, alors britannique, tout en étant l'anagramme de leur slogan. "Tea" signifie aussi "taxed enough already", c'est-à-dire "déjà assez taxés". S'il est plus un mouvement qu'un parti organisé (la plupart de ses membres appartiennent en fait au Parti républicain), le Tea party saisit chaque occasion de se faire entendre sur le sujet de la dette, jouant à chaque fois le blocage. La "saison 1" s'est déroulée à l'été 2011 avec une épreuve de force remarquée entre le président démocrate Obama et les ultras du camp adverse, ce blocage sur la plafond de la dette laissant planer le spectre d'une faillite du pays le plus puissant de la planète. Irréel ! Un accord de dernière minute fut certes trouvé mais les dégats furent tangibles : le 4 août 2011, l'agence de notation financière Standard & Poor's retire sa note AAA aux Etats-Unis, déclenchant une chute des marchés financiers de l'ordre de 20%.


Après la falaise budgétaire, la fermeture fédérale...

Mais cette première saison préparait le scénario de la deuxième puisque l'accord final prévoyait que, sauf nouvelle décision, des coupes budgétaires et hausses d'impôt automatiques se déclencheraient début 2013, occasionnant cette fois de sérieuses menaces sur une croissance économique déjà modeste. C'est ainsi qu'au dernier trimestre 2012, en pleine campagne présidentielle, la tension politique américaine est montée autour de ce qu'on a appelé le "fiscal cliff" (falaise budgétaire). Une solution fut trouvée in extremis, le Tea party ne pouvant décemment pas risquer d'être tenu pour responsable... d'une hausse des impôts.Avec le shutdown qui affecte les Etats-Unis depuis le 1er octobre a débuté un nouvel avatar du feuilleton de la colossale dette américaine. Cette fois-ci, c'est l'absence d'accord entre républicains et démocrates sur le budget 2013-2014 qui a conduit au clash, l'année fiscale américaine courant d'octobre à septembre, contrairement à la France où elle est calée sur l'année calendaire.


Quelles conséquences économiques ?

Et voici que 800.000 fonctionnaires se retrouvent au chômage technique. A court terme, les conséquences sont moins visibles que ce qu'on pourrait imaginer en France en pareil cas, le poids de la fonction publique étant bien moindre aux Etats-Unis. Les parcs nationaux comme le Grand Canyon ou Yellowstone sont fermés aux visiteurs, tout comme la Statue de la Liberté. Et avec un métro qui affiche un trafic en baisse de 20%, il devient plus difficile de trouver un "Bikeshare", l'équivalent du Vélib parisien à Washington ! Pourtant, les conséquences sur la croissance économique sont loin d'être neutres. Les analystes de Janus Capital estiment à 0,1% la perte de PIB pour chaque semaine de shutdown. Et la situation va encore se compliquer le 17 octobre avec un nouvel épisode que l'on pourrait baptiser : plafond de la dette, le retour ! C'est à cette date qu'un nouveau relèvement de la dette doit être voté par le Congrès, avec en jeu un possible défaut de paiement des Etats-Unis, aux conséquences incalculables. Janus Capital se veut cependant rassurant sur ce point, évoquant la possibilité que le président Obama fasse le forcing en autorisant un relèvement de la dette par un "ordre exécutif".Sans doute ne faut-il donc pas dramatiser un événement pas si exceptionnel, même si le dernier shutdown de l'état fédéral remonte à 1995. La mise en congés des fonctionnaires avait alors occasionné plus de responsabilités pour les stagiaires, faisant basculer le destin d'une certaine Monica Lewinsky et d'un président amateur de cigares. Comme quoi les conséquences d'un chômage technique de l'Etat américain peut avoir des effets inattendus.

Emmanuel Schafroth

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