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La classe politique américaine dénonce la fusion Pfizer-Allergan

Des responsables politiques américains ont vivement critiqué le projet de fusion entre les laboratoires pharmaceutiques Pfizer et Allergan, estimant qu'il s'apparentait à de la fraude fiscale. /Photo prise le 23 novembre 2015/REUTERS/Brendan McDermid

par Kevin Drawbaugh et Emily Stephenson

WASHINGTON (Reuters) - Des responsables politiques américains ont vivement critiqué le projet de fusion entre les laboratoires pharmaceutiques Pfizer et Allergan, estimant qu'il s'apparentait à de la fraude fiscale.

Pfizer a annoncé lundi vouloir se rapprocher d'Allergan, basé à Dublin, ce qui lui permettra de déplacer son siège social en Irlande, où la fiscalité des entreprises est plus avantageuse qu'aux Etats-unis.

Hillary Clinton, favorite dans la course à l'investiture démocrate en vue de l'élection présidentielle de 2016, a accusé Pfizer de profiter des failles de la législation fiscale pour éviter d'acquitter sa "juste part" de l'impôt au détriment du contribuable.

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L'ancienne chef de la diplomatie américaine a ajouté qu'elle proposerait des mesures pour empêcher de tels montages dits d'évitement ou d'inversion fiscale, sans donner de précisions.

Donald Trump, donné actuellement favori pour l'investiture dans le camp républicain, a qualifié ce mariage de "dégoûtant". "Nos politiques devraient avoir honte", dit-il dans un communiqué.

Bien que n'étant plus américaine sur le papier, la société Pfizer lestée d'Allergan gardera sa direction à New York et des opérations importantes aux Etats-unis.

Plus de 50 mariages de raison de ce genre ont été contractés ces trente dernières années par de grande sociétés telles que Medtronic, Fruit of the Loom ou Ingersoll-Rand.

Selon des calculs effectués par des parlementaires américains, les inversions, si rien n'est fait pour les contrer, coûteront près de 20 milliards de dollars (près de 19 milliards d'euros) au Trésor américain dans les dix prochaines années.

La Maison blanche n'a pas voulu faire de commentaire sur la fusion des deux laboratoires. Un porte-parole a déclaré lors d'un point de presse que le Congrès devait agir pour prévenir ce genre de transaction.

SEULE VÉRITABLE SOLUTION

La semaine dernière, le département du Trésor a dévoilé de nouvelles règles pour lutter contre ces montages fiscaux. Il s'agit de sa deuxième tentative depuis septembre 2014. Mais ce ne sont que des ajustements de la réglementation existante et ils n'empêcheront pas le mariage du fabricant du Viagra avec celui du Botox, estiment les spécialistes de la fiscalité.

Le sénateur Bernie Sanders, principal rival d'Hillary Clinton dans la course à l'investiture démocrate, a estimé que cet accord "permettrait à nouveau à une grande entreprise américaine de dissimuler ses profits à l'étranger."

Anticipant peut-être une levée de boucliers du côté de la classe politique, le patron de Pfizer, Ian Read, a adressé lundi une lettre à un certain nombre de sénateurs en vue dans laquelle il précise que le siège "opérationnel" du nouveau groupe restera à New York et qu'il prévoit de pouvoir consentir des "investissements importants aux Etats-Unis".

Pfizer détient 74 milliards de dollars de profits réalisés à l'étranger qu'il a pu, grâce à une autre disposition fiscale, ne pas rapatrier, évitant ainsi de payer aux Etats-Unis les impôts afférents.

Tom Price, un élu républicain de la Chambre des représentants, a déclaré dans un communiqué qu'une nouvelle réglementation ne résoudrait pas le problème de l'évitement fiscal. "La seule véritable solution pour juguler les inversions est la réforme fiscale", a-t-il dit.

Mais il semble improbable que le Congrès s'attelle à une réforme fiscale d'ampleur avant les élections de 2016.

"Pfizer a construit son activité en s'appuyant sur nos incitations fiscales en matière de recherche et développement, sur notre recherche médicale soutenue au niveau fédéral, sur notre main-d'oeuvre qualifiée et nos infrastructures," a déclaré Rosa DeLauro, une représentante démocrate.

"Nous ne pouvons continuer à permettre à Pfizer et aux autres sociétés de prétendre qu'elles sont américaines et de récolter les avantages que ce pays a à offrir tout en affirmant être d'une autre nationalité quand l'avis d'imposition arrive", a-t-elle ajouté.

(Avec Roberta Rampton, Julia Edwards et Doina Chiacu, Danielle Rouquié pour le service français, édité par Gilles Trequesser)