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La BCE entamera prudemment ses achats de dette d'entreprise

par Balazs Koranyi et Francesco Canepa

FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a l'intention de démarrer en douceur ses achats d'obligations d'entreprise le mois prochain, avec pour objectif d'attirer de nouveaux émetteurs avant de porter très progressivement le montant mensuel de ses achats entre cinq et dix milliards d'euros, a-t-on appris de plusieurs sources de banques centrales.

Les obligations "corporate" notées en catégorie d'investissement (investment grade, IG) doivent s'ajouter en juin à l'éventail d'actifs que la BCE rachète dans le cadre de son programme d'assouplissement quantitatif (quantitative easing, QE) de 1.740 milliards d'euros, censé soutenir la croissance dans la zone euro en réduisant le coût du crédit.

La difficulté est que le marché concerné, évalué à 600 milliards d'euros, est constitué en majorité de grandes entreprises françaises et néerlandaises qui disposent déjà d'un accès facile au crédit.

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La BCE compte toutefois sur un effet de cascade qui bénéficierait au final aux emprunteurs de plus petite taille, pour lesquels l'accès aux financements reste problématique.

Ce processus prendra forcément du temps, raison pour laquelle la BCE n'augmentera ses achats que graduellement et ne fixera aucun objectif chiffré, ont dit à Reuters sept sources impliquées dans les discussions en cours ou proche de celles-ci.

"Il pourrait y avoir d'importantes fluctuations en termes d'achats mais si nous parvenons à favoriser les émissions, cela permettra naturellement d'assouplir le marché", a dit l'une de ces sources.

Les obligations françaises et néerlandaises, qui représentent 57% des titres éligibles au nouveau programme selon Fitch Ratings, seront les premières concernées au début de la mise en oeuvre du nouveau programme, ont ajouté les sources. Mais la banque centrale espère pouvoir étendre ses achats à des titres d'autres pays, comme l'Espagne et l'Italie.

Elle souhaite aussi encourager les entreprises de taille moyenne, qui se financent majoritairement par le recours à l'emprunt bancaire, à émettre des obligations, ce qui permettrait de libérer des liquidités et d'inciter les banques à se tourner vers des entreprises plus petites.

RISQUES ET CRITIQUES

Ce mécanisme, s'il se met en oeuvre, sera la clé du succès du programme et de la réponse de la BCE aux critiques sur sa stratégie, accusée de favoriser des entreprises qui n'ont aucune difficulté de financement.

Fitch note par exemple que les émissions obligataires réalisées en Europe au premier trimestre l'ont été à des niveaux de taux sans précédent, certaines des entreprises les mieux notées trouvant à se financer à moins de 2% à dix ans ou plus.

D'ores et déjà, la seule annonce par la BCE début mars de sa volonté d'acheter des titres d'entreprise a eu un effet sur l'offre, les émissions d'obligations en euros par des sociétés non-financières ayant atteint 61 milliards d'euros environ depuis, soit 50% de plus que sur la même période l'an dernier, selon les données Thomson Reuters.

Certains critiques craignent par ailleurs que le nouveau programme ait des conséquences indésirables sur le marché des obligations dites "junk", jugées les plus risquées, dont elles sont pourtant exclues.

Ce compartiment a en effet attiré de nouveaux investisseurs prêts à prendre plus de risques pour obtenir un meilleur rendement face à la chute des coupons en catégorie "investment grade". Si ce mouvement contribue à l'amélioration globale des conditions de financement, la BCE craint qu'il ne revienne à maintenir en vie des entreprises vouées à la cessation de paiement.

"Pour certaines de ces sociétés, cela reviendrait simplement à éviter un défaut pour qu'elles ne meurent pas tout de suite", résume Mitch Reznick, co-responsable du crédit chez Hermes Investment Management.

L'une des sources de banques centrales a déclaré que la BCE était consciente de ce risque mais qu'elle privilégiait le soutien à l'économie, citant les effets désastreux de l'inaction de la Réserve fédérale américaine avant la "Grande Récession" de 1929-1932.

De nombreuses modalités du nouveau programme restent à finaliser, ont ajouté les sources, parmi lesquelles les critères de sélection des titres achetés et le traitement éventuel d'un défaut ou d'une dégradation des émetteurs concernés.

"La BCE procèdera naturellement à un examen approfondi mais elle s'appuiera en premier lieu sur les notes de crédit et l'évaluation par les agences de notation", a dit l'une des sources.

(Marc Angrand pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)