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L’affaire Olivier Dussopt embarrasse la Macronie en pleine réforme des retraites

Olivier Dussopt (ici le 3 février) accusé de favoritisme, la nouvelle affaire qui embarrasse la Macronie en pleine réforme des retraites.
VALENTINE CHAPUIS / AFP Olivier Dussopt (ici le 3 février) accusé de favoritisme, la nouvelle affaire qui embarrasse la Macronie en pleine réforme des retraites.

POLITIQUE - Comme une malédiction. En 2019, Jean-Paul Delevoye, le « monsieur retraites » du gouvernement d’Édouard Philippe, chargé de mettre en branle la réforme ambitieuse du système à points, démissionnait après avoir omis dix mandats dans sa déclaration à l’autorité de la transparence. Trois ans plus tard, c’est Olivier Dussopt, le ministre du Travail, chargé de porter la nouvelle réforme, non moins contestée, qui est rattrapé par des ennuis judiciaires.

Peu après la publication d’un article de Mediapart sur le sujet, vendredi 3 février au soir, le ministre du Travail a indiqué à l’AFP que le parquet national financier (PNF) avait retenu l’infraction de « favoritisme » pour un futur procès qui portera sur un marché public conclu à la fin des années 2000 avec un groupe de traitement de l’eau.

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Un coup dur pour le ministre, en première ligne sur la réforme cruciale de ce début de mandat. Et de quoi fragiliser un gouvernement déjà mis sous pression ? Les oppositions n’ont pas attendu longtemps pour se saisir de ce dossier, certains élus de gauche évoquant même une « mise en retrait » nécessaire sur fond de « discrédit » de la parole publique.

Que lui est-il reproché ?

Les premières révélations autour de cette affaire datent du printemps 2020. « Un article de presse a cru pouvoir mettre en cause mes relations avec un groupe d’eau dans la ville d’Annonay dont j’étais le maire » a ainsi raconté le ministre lui-même, ce samedi, sur France Inter et « le parquet financier a ouvert une enquête et procédé à de très nombreuses vérifications ». Les investigations concernaient alors deux lithographies du peintre Gérard Garouste qui lui avaient été offertes, alors qu’il était député-maire de la ville ardéchoise.

Ces deux tableaux provenaient d’un dirigeant local de la Saur, groupe français de traitement de l’eau, alors qu’un contrat était sur le point d’être conclu entre la ville et cette entreprise. Le contrat, négocié depuis 2016, a été formellement signé six mois plus tard, le 1er juin 2017. En 2020, Olivier Dussopt avait alors expliqué n’avoir pas déclaré ces lithographies à la déontologue de l’Assemblée nationale - comme c’est requis pour tout cadeau de plus de 150 euros - car il « ignorait la valeur » des deux tableaux. Il les avait ensuite restitués.

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L’enquête devait alors vérifier de possibles faits de « corruption » et de « prise illégale d’intérêts ». Deux ans plus tard, seul le « favoritisme » demeure. Une note de synthèse, adressée par le PNF à Olivier Dussopt, « considère qu’il subsiste un seul grief, en l’occurrence une infraction formelle de favoritisme dans un marché public de 2009 », a ainsi expliqué le ministre vendredi soir, ajoutant qu’« aucune corruption » ne lui est reprochée.

De son côté, Mediapart affirme que la perquisition réalisée chez l’ancien socialiste par les enquêteurs financiers de l’Oclciff (Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales) a mis au jour « des échanges entre Olivier Dussopt et (la Saur) semblant laisser peu de doute sur l’existence d’un arrangement autour d’un marché public daté de 2009-2010 », au moment où il était député et maire d’Annonay, en Ardèche.

La majorité fait bloc, l’opposition monte au front

Des révélations qui tombent au pire des moments pour la majorité, déjà bousculée sur sa réforme des retraites par la rue et l’opposition virulente des syndicats : le marathon démarre au Parlement et deux nouvelles journées de mobilisation sont programmées par l’intersyndicale, les 7 et 11 février, contre le recul de l’âge de départ de 62 à 64 ans.

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Dans ce contexte, la Macronie fait bloc autour de son ministre. « L’important c’est de travailler sur le fond », a ainsi tenté de balayer Maud Bregeon, ce samedi matin sur BFMTV avant de minimiser les accusations dont Olivier Dussopt fait l’objet. « On parle de quoi ? On parle de faits publiquement connus depuis 2020. Est-ce qu’il y a de la corruption ? La justice dit que non. Est-ce qu’il y a un enrichissement ? La justice dit que non. Est-ce que c’est lié à des activités ministérielles ? Non », a ainsi martelé la députée des Hauts-de-Seine, pour qui, « si ça dérange quelqu’un de parler du fond, il faut se poser des questions. »

Une bonne illustration des difficultés à venir, pour la majorité. À savoir, continuer un exercice déjà compliqué de pédagogie, sans que le message soit brouillé par cette affaire Dussopt. Un peu plus tôt, le principal intéressé expliquait, malgré tout, n’avoir « qu’un souhait » : « continuer à convaincre et expliquer comment les choses se sont passées pour convaincre de (sa) bonne foi ».

Peut-il rester en poste ? Si le député Philippe Brun n’a pas voulu, sur BFMTV, demander sa « démission », il n’a pas hésité à parler d’un « discrédit » qui devrait conduire à la mise « en retrait » de toute personnalité politique. Élisabeth Borne « n’a pas trop le choix car ça fragiliserait encore un peu plus cette réforme », ajoute sur France 2 son collègue Jérôme Guedj. Lui pense en revanche qu’Olivier Dussopt « ne va pas avoir l’esprit totalement disponible pour défendre, mal, la réforme ».

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Les prochains jours s’annoncent effectivement délicats pour le ministre, chargé de défendre le texte sur les bancs de l’Assemblée nationale à partir de lundi. L’ancien socialiste a d’ailleurs eu un aperçu, sur les réseaux sociaux, de ce qui l’attend dans l’hémicycle à travers les railleries de ses opposants. « Olivier Dussopt aura bien favorisé quelqu’un dans sa vie », a par exemple ironisé l’insoumis Hadrien Clouet sur Twitter après les révélations de Mediapart. Gageons que ce champ lexical trouvera une résonance particulière au Parlement.

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