L’État doit-il subventionner les étudiants de Sciences Po ?

AFP/Archives - BERTRAND GUAY

EDITORIAL - L’école parisienne va déployer l’apprentissage en master et en bachelor pour profiter de l’engouement et des aides de ce dispositif. Mais quel est l’intérêt de subventionner la formation d’étudiants qui s’arrachent déjà sur le marché du travail?

Lundi 21 mars, dans le quotidien Les Échos, Mathias Vicherat, le directeur de Sciences Po Paris, a annoncé qu’il allait "généraliser" l’apprentissage en cycle master à la rentrée prochaine et "l’expérimenter" en cycle bachelor de l’école. On pourra donc se former à l’économie, au droit, à la finance, aux relations internationales, tout en étant apprenti. C’est-à-dire, pour les jeunes qui le souhaiteront, alterner leurs études à Sciences Po et un travail rémunéré en entreprise.

Cette annonce du prestigieux établissement illustre le succès de la réforme de l’apprentissage initiée en 2018 avec la loi Avenir Professionnel. L’an dernier, près d’un million de contrats d’apprentissage ont été signés dans notre pays, soit un doublement en deux ans. Mais c’est surtout le plébiscite de ce modèle éducatif par les catégories sociales aisées qui est spectaculaire. Un changement de prisme réjouissant même s’il en coûte des dizaines de milliards d’euros. On se souvient des propos désastreux du PDG de Veolia, Antoine Frérot, sur France Inter en 2017, au sujet de cette filière qui avait dit que "le problème de l’apprentissage ne s’était pas posé pour ses enfants puisqu’ils étaient brillants".

Un taux d'insertion professionnelle qui atteint déjà 96%

Aujourd’hui, les étudiants de l’enseignement supérieur sont de plus en plus nombreux à opter pour cette voie. En contrepartie, l’entreprise qui les embauche reçoit une aide de l’Etat 6.000 euros et elle bénéficie d’allégements fiscaux. Cela leur permet d’attirer des jeunes bien formés pour un coût proche de zéro. Ainsi, depuis 2019, la croissance de l’apprentissage est portée principalement par les élèves de bachelor et de master, comme l’a montré juin un rapport de la Cour des Comptes. Pourtant, comme l’a rappelé une étude récente de l’Apec sur les pénuries de cadres, les diplômés à bac+5 constituent une denrée rare et recherchée.

Ceux de Sciences Po Paris, tout particulièrement, qui s’insèrent aisément sur le marché du travail. "Parmi[...]

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