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Kheiron revient avec "Brutus Vs César": "Le fait que ce film existe est un tour de force!"

Affiche du film
Affiche du film

Son premier film, Nous trois ou rien, est sorti en novembre 2015, en pleine attaque du Bataclan. La sortie de son deuxième film, Mauvaises herbes, a été contrariée par les manifestations des Gilets Jaunes.

Celle de son troisième film, Brutus vs César, une parodie de péplum qui se veut le premier volet d’une série de films, a été reportée à cause de la pandémie de coronavirus. Le film sera finalement disponible ce vendredi 18 septembre sur Amazon Prime.

Malgré ce côté "chat noir", Kheiron réussit toujours à retomber sur ses pattes. L’acteur, humoriste, scénariste et réalisateur raconte sans langue de bois les coulisses de Brutus vs César, film qu’il a eu toutes les peines du monde à monter et pour lequel il a sacrifié ses cheveux.

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Vous avez dit sur Europe 1 que nous vivions "la pire époque pour l’humour". Est-ce pour cette raison que vous avez fait un péplum?

Non! (rires) Disons que si la période avait été moins dure et que si les médias ne donnaient pas autant d’importance à quelques personnes qui s’indignent sur les réseaux sociaux, mais à la majorité silencieuse qui accepte les œuvres et les aiment, je n'aurais peut-être pas fait Brutus, mais Judas.

https://www.youtube.com/embed/OU_Z9Gw3oik?rel=0

Vous deviez faire un film sur Judas au début?

Je voulais parler d’un traître, le réhabiliter. J’ai commencé avec Judas, le plus connu, mais je me suis dit que ce n’était pas le moment. Il y a des gens qui pouvaient ne pas faire la différence et dire que je me moque des chrétiens. Puis j’ai eu l’idée de parler d’un autre traître, Jafar. Je voulais raconter l’histoire d’Aladin, mais vécu du point de vue de Jafar. Sauf qu’il y a eu Aladin, puis Alad'2 [avec Kev Adams] et Disney a refait Aladdin avec Will Smith. Ça faisait beaucoup d’Aladins sur une courte période. Le traître suivant sur ma liste était Brutus, qui n’avait pas été traité jusqu’ici.

Vous vous autocensurez donc dès l’écriture?

Oui, parce que je vois sur les réseaux que les gens régressent humoristiquement parlant. On vit une époque où les gens ne comprennent pas une blague sur un sujet, une blague qui dédramatise, une blague qui se moque, une blague qui victimise, une blague qui provoque. Ils ne font plus de nuances. Sur scène, je ne m’empêche de rien. C’est mon public qui vient me voir. Je suis trash et provoquant au possible et mon public le sait. Sur scène, il n’y a aucun souci. Ce que je partage sur les réseaux, c’est beaucoup plus lisse. J’ai un community manager. Il vérifie tout. Parfois, c’est même lui qui écrit à ma place. Avec Brutus, on parle de cinéma, d’une œuvre que je vais devoir défendre pendant deux ans. J’ai fait il y a dix ans sur Internet une série qui s’appelle Les Voisins du dessus. C’était une colocation au Paradis. Il y avait Jésus, Judas, Bouddha, Shiva, Jéhovah, etc. Je jouais déjà le rôle de Judas. J’avais vu à l’époque les insultes qu’on avait reçues. Je n’avais pas envie de refaire la même chose à plus grande échelle, de mettre en galère des acteurs. J’avais la flemme de me relancer là-dedans.

Brutus vs. César a dû être un sacré défi logistique après Nous trois ou rien et Mauvaises herbes. Il y a des batailles, des cascades…

Si je dois être honnête, c’est mon film le moins cher. Pour faire ce genre de film, il faut soit que ce soit une franchise qui existe déjà, soit que le réalisateur ait fait des millions d’entrées, soit que ça parle à tout le monde. Donc quand tu arrives avec Brutus, que le réalisateur n’a pas fait un million d’entrées sur deux films, et que ça part en plus dans tous les sens, c’est difficile à défendre comme projet. Ce n’est pas un film complètement pour les enfants, ni pour les adultes. C’est une œuvre à part. C’est une comédie, il y a des moments absurdes et mignons, mais il y a aussi des scènes de bataille avec du sang. On les a jouées à fond! C’est vraiment un film hybride, qui sort de l’ordinaire. Les gens vont adorer ou détester. J’aime désarçonner le public pour le surprendre.

C’est vrai que César disparaît au milieu du film, et revient uniquement à la fin...

Oui! Pour moi, le film n’est pas fini. C’est un prequel.

C’est un peu osé, non?

C’est complètement osé! On a réussi quand même à réunir un budget, mais ce n’est pas le budget le plus conséquent de l’année. Les gens avaient peur de financer. On a rusé. On a tout fait, avec intelligence j’espère, pour que ce film voie le jour. Ce n’était pas facile du tout. Si vous pensez qu’on a eu un gros budget, c’est génial. Mais si vous regardez bien, il n’y a pas un seul cheval dans le film.

Combien a coûté le film?

Je ne suis pas sûr des budgets, mais il a dû coûter entre cinq et six [millions]. Nous trois ou rien en a coûté huit.

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Comment avez-vous fait pour réunir un tel casting, ainsi que tous ces décors et ces costumes?

On a motivé tout le monde avec le scénario, avec l’ambition du projet, de faire une suite et d’autres ensuite. Pour les décors, on a utilisé des décors qui existaient déjà et qu’on a rafistolés, remodelés. On n’a pas créé de décors. On était à Ouarzazate où on a récupéré des décors de Gladiator et de Game of Thrones. On a rajouté une statue, cassé des murs, on a repeint certains murs. On s’est pris la tête. Le fait que ce film existe est un tour de force!

Le film dure 1h17. C’est très court pour un péplum…

Je ne sais pas si j’ai le droit d’assumer en promo, mais je vais être très honnête. Le budget ne me permettait pas de faire 1h40 à ce rythme-là, avec tous ces costumes, tous ces décors. J’ai préféré faire un tout petit peu plus court pour avoir au moins quelques scènes léchées, de la figuration un peu partout, de beaux décors, plutôt que d’avoir un film d’1h40 avec 15 minutes de trop.

Vous avez choisi de faire jouer César, Brutus et Vercingétorix par des personnes non caucasiennes. Pourquoi?

C’est un vrai parti pris. J’ai fait exprès d’enlever toute notion d’ethnie et de genre dans le film. Il y a des femmes au Sénat! Ça n’a jamais eu lieu. Il y a aussi des femmes qui se battent dans les armées gauloises et romaines. Ça n’existe pas non plus. Ça nous a coûté plus d’argent de trafiquer des armures et de les faire correspondre à la morphologie des femmes que d’embaucher des hommes. Ça m’aurait aussi coûté moins cher de ne prendre que des Marocains pour faire la figuration, mais j’ai fait venir des cars d’Asiatiques, de Noirs et de Caucasiens des quatre coins du Maroc, parce que je voulais qu’il y ait de la diversité dans toutes les scènes du film.

Racontez les coulisses de cette étonnante coiffure que vous portez dans le film.

Brutus est un tocard fini. Il lui fallait une coupe de tocard, que personne n’a! Il fallait le rendre candide et enlever tout ce qui était moustache, barbe et bouc, qui ajoutent de la dureté. On lui a trouvé cette petite barbichette fine, mais épaisse complètement unique. Je la trouve fantastique. Pour les cheveux, on m’a rasé complètement les côtés. Ça fait une coupe de viking, mais en version ratée. Ce n’était pas facile à vivre à Paris. Quand tu es un petit peu médiatisé, les gens te reconnaissent, mais là c’était dans les mauvaises conditions. C’était comme être reconnu quand tu vas passer une coloscopie. Au Maroc, comme j’étais dans la peau du réalisateur-comédien, en toge toute la journée avec des sandales, j’oubliais la coiffure. J’étais en mission.

Le scénario était-il très écrit où y a-t-il eu beaucoup d’improvisations?

Pas beaucoup. C’est très, très écrit, très cadré. Si on part en tournage avec un scénario, c’est que je l’ai bien testé avant et que je sais ce qui marche ou pas - et que je l’ai amélioré - donc on part avec un texte béton. Une petite impro, une petite intonation qui change, une façon d’amener la vanne différente… c’est cool. Je laisse toujours la place aux comédiens de proposer quelque chose.

Vous qui aimez bien improviser sur scène, ça ne vous dérange pas que ce soit fixé dans le marbre au cinéma?

Ce que j’improvise sur scène, je le fixe moi-même. Ce qu’on improvise au cinéma, c’est encore moi qui le fixe dans le marbre. Je ne perds pas ma liberté. Ce qui compte, c’est qu’il y ait quelqu’un qui soit garant de la continuité artistique du projet. Tant que j’ai le final cut, je n’ai pas de frustration.

Il y a une blague récurrente dans le film, c’est la confusion entre "complot" et "compote" par Brutus. Comment est née cette blague?

C’est vraiment venu à l’écriture, d’un seul jet. Puis je l’ai étirée. Je me suis dit que c’était marrant. Beaucoup de vannes me viennent comme ça. J’ai un humour qui se rapproche beaucoup de ce que j’appelle "l’humour de chipotages". J’adore cet humour de réparties, qui se fait du tac au tac. Comme la scène où les traitres cherchent l’endroit où frapper César [pour le tuer]. J’avais écrit que c’était à la "carotide", mais sur le tournage des gens m’ont dit qu’on ne comprenait pas ce que c’était, et qu’il fallait mettre "coccyx", parce que ça parle à tout le monde… A l'oreille, "coccyx" fonctionnait moins que "carotide" et on a donc gardé "carotide".

Ce n’est pas frustrant de ne pas sortir le film au cinéma ?

Ça peut me frustrer pour une raison: ne pas voir des salles pleines rire à mon film sur grand écran. Malheureusement, même si on l’avait sorti au cinéma, ça n’aurait pas eu lieu. Avec le Covid, il y aurait eu des sièges vides et des gens avec des masques qui n’auraient pas rigolé à gorge déployée. Et je ne sais pas s’ils auraient été dans les salles quand on voit les chiffres [de fréquentation] qui ne sont pas terribles... Amazon nous permet de sortir dans de bonnes conditions et de toucher un large public. Je suis très content de cette collaboration.

La suite de Brutus vs César est donc entre les mains d’Amazon?

Oui. Ça dépend si ça marche sur la plateforme. J’ai beaucoup d’idées pour la suite, mais je n’ai pas envie de me lancer pour rien. J’attends le feu vert.

Au cinéma vous ne jouez que dans les films que vous réalisez. Pourquoi?

Quand on m’a proposé des choses, soit c’était intéressant et malheureusement à cause de mon agenda je ne pouvais pas car j’étais déjà sur mes films, soit ce n’était pas intéressant.

Quels films avez-vous refusés?

Je ne peux pas dire les noms, ce ne serait pas cool, mais j’ai refusé des rôles sur certains films qui ont fait plusieurs millions d’entrées. Des gros rôles. Mais ça ne me concernait pas. Peut-être qu’à force de ne pas accepter tout ce qui venait on ne pense plus à moi. C’est vrai qu’aujoud’hui je n’ai plus de propositions… J’adore écrire mes films, mais c’est vrai que si on me propose des choses qui sont intéressantes et que je suis en mesure de les faire j’irai avec plaisir. Ce n’est pas une non-envie de me mélanger. Tant que ce n’est pas des choses qui me parlent et me touchent je ne vais pas y aller. Je ne vais pas me fourvoyer à jouer dans un film pour jouer dans un film. Je n’ai pas besoin de ça.

Article original publié sur BFMTV.com