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Joséphine Baker au Panthéon: à qui ouvre-t-elle la porte?

Pour l'Elysée, Joséphine Baker, ici en 1954, entre au Panthéon
Pour l'Elysée, Joséphine Baker, ici en 1954, entre au Panthéon

CULTURE - Deux cent trente ans après la création du Panthéon, Joséphine Baker ne sera que la sixième femme à y recevoir les honneurs. Sixième femme, première artiste de scène, résistante, militaire, noire, première Américaine de naissance. Autant de caractéristiques qui font planer un souffle de diversité et d’ouverture, avec l’espoir que d’autres suivent.

Cela fait presque deux ans que la panthéonisation de Joséphine Baker est dans les tuyaux de l’Élysée - après avoir été proposée dès 2013 par Régis Debray. Faire entrer quelqu’un dans le très mal surnommé “temples des grands hommes” peut s’avérer délicat. Ceux qui militent pour Gisèle Halimi le savent bien.

“Joséphine Baker entre au Panthéon parce que c’est une femme qui est née noire et américaine dans une société fermée d’assignation à résidence et qui est devenue tout au long de sa vie et jusqu’au bout de celle-ci, l’incarnation des valeurs des Lumières de la République française et de l’ouverture au monde que cela implique”, justifie l’Élysée, quelques jours avant la cérémonie.

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Ses origines, ses engagements, son univers artistique - elle est la première “artiste de scène” à être ainsi célébrée -... l’entrée de Freda Josephine McDonald au Panthéon illustre à nouveau le désir d’Emmanuel Macron de “réconcilier les mémoires”. À l’unanimité la classe politique a approuvé le geste. Mais l’entrée de la danseuse a aussi mis en lumière toutes les figures oubliées, soulignées par SOS Racisme dans leur “Panthéon des Oubliés”.

Des femmes et de la culture

75 hommes pour désormais six femmes, c’est le triste constat du Panthéon, aussi visible ailleurs: dans la liste des 318 héros issus de la diversité de l’Élysée, dévoilée par Le HuffPost en mars, les femmes ne représentaient que 21% des personnalités.

Pourtant, elles ne manquent pas, y compris dans le monde de la scène et de l’audiovisuel, si représentatif de Joséphien Baker. À commencer par Darling Légitimus, qui se fait connaitre dans le spectacle “La Revue nègre” qui consacre l’Américaine. Elle se fera ensuite une place au cinéma avec de très nombreuses apparitions, dont un rôle dans le film Rue Cases-Nègre qui lui vaudra une récompense à la Mostra de Venise. En 1998, elle sera faite Chevalière de la Légion d’honneur.

Isadora Duncan (1877- 1927), danseuse iconique, peut aussi être citée. Arrivée en Normandie en 1914, elle s’engage ensuite dans le domaine éducatif - notamment auprès de la Croix-Rouge - et est aujourd’hui considérée comme l’une des figures féministes, malgré un style parfois “incompris”, explique Pauline Boivineau dans le Dictionnaire des Féministes. “Isadora Duncan revendique la liberté de diriger sa vie, de travailler en tant que femme, et s’oppose catégoriquement au mariage et aux devoirs qu’il implique”, explique la chercheuse, autrice d’une thèse intitulée Danse contemporaine genre et féminisme en France (1968-2015).

Des combattantes pour la France

“Il ne suffit pas, entre guillemets, d’être un grand écrivain ou d’être un grand artiste. Il faut avoir dans sa vie, dans son parcours, dans ses combats, ses engagements, contribué à porter les valeurs de la République, s’être engagé pour la Nation, s’être engagé pour des causes qui portent ces valeurs que porte la France”, fait valoir l’Élysée pour expliquer le choix de Baker, et pas celui d’autres artistes.

De nombreux hommes déjà sacrés répondent à ces critères. Mais ils ne sont pas les seuls. Chez les femmes, on peut citer Geneviève de Gaulle-Anthonioz, nièce du général de Gaulle, et Germaine Tillion, entrées en même temps au Panthéon il n’y a pas si longtemps, sous le quinquennat Hollande.

Pourtant, en terme d’engagement pour la France, une autre personnalité peut venir à l’esprit: la Russe Vera Obolensky. Elle compte de nombreux points communs avec la meneuse de revue: sa nationalité étrangère mais surtout son engagement dans la Résistance, en tant que résistante secrétaire de l’Organisation civile et militaire (OCM), chargée de fournir des renseignements, là encore comme Joséphine Baker. Le Musée de la Résistance en ligne la décrit comme celle qui “sauva” cette organisation. Arrêtée par la Gestapo et condamnée à mort, elle est guillotinée en Allemagne en 1944.

Enfin, dernier point mais non des moindres: la représentation des minorités raciales. Si Joséphine Baker affirme qu’aux États-Unis elle avait “peur d’être noire” et qu’elle ne s’est sentie “libérée” qu’à Paris, elle n’en reste pas moins la première femme noire à faire son entrée dans le temple des personnalitées françaises. Sa panthéonisation “symbolise l’image d’une France qui n’est pas raciste, contrairement à ce que disent un certain nombre de groupuscules médiatiques”, analyse pour l’AFP le romancier Pascal Bruckner, une des personnalités qui a plaidé à l’Élysée en sa faveur. Un message fort et positif, en espérant que d’autres suivront. Par exemple, Paulette Nardal, journaliste et militante martiniquaise, théoricienne de la négritude avec sa sœur Jeanne, et dont la ville de Paris soutient d’ores et déjà la panthéonisation.

À voir également sur Le HuffPost: À Paris, les statues de femmes sont rares, mais en plus elles sont problématiques

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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